De la microassurance à l’assurance · Les conditions du développement

Marc Nabeth, chercheur associé l’Institut Thomas More

Juin 2011 • Analyse •


Article publié dans la revue Risques, n°86, juin 2011.


La liste des risques susceptibles de plonger les individus dans la pauvreté, puis l’indigence en raison d’un sinistre non couvert est bien longue, et il suffit, aux assurés que nous sommes, de se projeter un temps dans un monde sans assurance privée ou sans protection sociale pour en dresser l’inventaire.

Mesurant la précarité de leur situation, les populations n’ont pourtant de cesse de gérer ces risques à travers des systèmes informels (dons et contre-dons, tontines, fonds funéraires, diversification des actifs et des réseaux de sociabilité, etc.) susceptibles d’atténuer les chocs. Ce besoin de sécurité contre les aléas de la vie n’a rien d’original. Elle constitue même une condition anthropologique à l’origine des constructions sociales, voire identitaires, et va bien au-delà de la pensée de Rousseau qui voyait dans la violence de la Nature l’origine des sociétés humaines : « les associations d’hommes sont en grande partie l’ouvrage des accidents de la nature : les déluges particuliers, les mers extravasées, les éruptions des vo1cans, les grands tremblements de terre, les incendies allumés par la foudre et qui detruisoient les forets, tout ce qui dut effrayer et disperser les sauvages habitans d’un pays dut ensuite les rassembler pour réparer en commun les pertes communes. Les traditions des malheurs de la terre si fréquentes dans les anciens tems, montrent de quels instrumens se servit la providence pour forcer les humains à se rapprocher ».