Le « Brexit », l’Europe et le patriotisme de civilisation

Jean-Sylvestre Mongrenier, chercheur associé à l’Institut Thomas More

Juin 2016 • Point Clés 16 •


A l’évidence, le « Brexit » n’est pas seulement un problème britannique et un simple divorce avec l’Union européenne. Toute l’Europe est au bord du vide et la désunion des peuples et nations qui la composent pourrait déboucher sur de multiples conflits géopolitiques. Le niveau des enjeux et la gravité des menaces requièrent un authentique patriotisme de civilisation et des personnalités dignes de relever les défis.


La majorité des Britanniques, les électeurs anglais plus précisément, a donc voté  pour que le Royaume-Uni quitte l’Union européenne. Les commentateurs dissertent à l’envi sur l’incertitude dans laquelle se trouvent le Royaume-Uni, l’Union européenne et l’économie mondiale. En vérité, l’Europe dans son ensemble – en tant qu’aire culturelle et système géopolitique –, est au bord du précipice et c’est le vide qu’il faut craindre, ou encore ce que les Grecs de l’Antiquité nommaient le « Khaos ». Ainsi nommaient-ils le gouffre originel qui préexiste à un monde ordonné et stable (le « Kosmos »).

Qu’il se trouve d’un bout à l’autre de l’Europe des politiciens pour s’en réjouir n’est guère étonnant : les « amis du désastre » ne sont pas toujours là où les tenants de cette expression l’affirment, et l’histoire de l’Europe peut être interprétée comme une lutte permanente entre le principe d’association d’une part, les forces de dissociation de l’autre. Parce qu’il ne faut point céder au désespoir, les « bons Européens » se doivent de relever le défi. Sans ressentiments ni bravades, il leur faut instaurer de nouvelles relations avec le Royaume-Uni, se reporter au principe de subsidiarité pour refonder l’Union européenne, et contenir les forces chaotiques qui menacent l’unité et la paix sur le Continent.