Mieux financer nos territoires

Sébastien Laye, chercheur associé à l’Institut Thomas More, avec la collaboration de Daniel Riad Akiki, entrepreneur

La Tribune

2 novembre 2016 • Opinion •


Par-delà les clichés éculés sur la richesse de nos terroirs, force est de constater que le cœur de l’activité économique en France provient de TPE et PME en dehors de la région francilienne. A la question de la densification économique de ces territoires parfois délaissés, s’ajoute celle du financement de ces entreprises, complètement exclues des grands circuits de financement de l’économie et qui ne bénéficient pas, elles, des tombereaux de liquidités déversées par la banque centrale européenne. Ce qui implique, ipso facto, que les politiques nationales doivent s’en soucier et que la tâche en incombe aussi aux politiques, eux qui, dans la perspective de 2017, sont si prompts à dresser les louanges des petites entreprises provinciales.

Cinq maux

Dans notre récente note pour l’Institut Thomas More, nous identifions cinq maux affectant le financement de ces entreprises et proposons une série de mesures. S’agissant des entraves donc, nous constatons l’insuffisance en régions des alternatives aux banques (dette privée, placement Euro PP, prêts inter-entreprises), des délais de paiement trop longs qui souvent poussent ces sociétés à la faillite, un rôle envahissant et parfois contre-productif de la BPI, mais aussi- ce qui est moins connu-, la réticence à l’ouverture du capital de ces entreprises et un manque de culture financière (encore un échec de l’éducation nationale !).

Dans cette perspective, une redéfinition du rôle des pouvoirs publics mais surtout le développement des fintechs et de la finance en ligne offrent de nombreux espoirs et nous permettent d’avancer des mesures concrètes.

L’Etat doit montrer l’exemple

Il faut par exemple impérativement libéraliser le cadre règlementaire du crowdfunding et du crowdlending et relever les seuils actuels de niveaux d’investissement. Nous proposons aussi, sur le modèle de l’EIS anglais, de permettre aux particuliers d’investir directement dans ces entreprises en bénéficiant d’abattements de l’impôt sur le revenu. L’Etat doit aussi faire preuve par ailleurs de volontarisme en la matière et s’efforcer de montrer l’exemple sur les délais de paiements quand il est lui-même client, avant de raccourcir ces délais par la loi ; il doit aussi articuler l’action de la BPI en région autour des conseillers régionaux et des maires, mieux à même de comprendre la réalité locale que les haut fonctionnaires de Bercy.

Les experts-comptables (un point à prendre en compte dans leur formation) sont les mieux placés pour accompagner nos entrepreneurs sur ces sujets et il faut donc orienter la communication des pouvoirs publics vers ces acteurs. Enfin, le groupe 577 de Fromantin, propose de remettre à l’honneur les circuits de financements régionaux avec un nouveau concept de Bourses régionales. En couplant ces Bourses avec les autres mesures précédemment citées, et une baisse des impôts de production également, l’enjeu est de mieux orienter l’épargne des français vers des circuits locaux et utiles : une manière de réconcilier les Français avec l’économie et la finance ?