« Brexit done » · Contre mauvaise fortune, bon cœur

Jean-Sylvestre Mongrenier, chercheur associé à l’Institut Thomas More

8 janvier 2021 • Opinion •


Assurément, l’accord signé entre le Royaume-Uni et l’Union européenne (le « Brexitmas »), le 24 décembre 2020, constitue une bonne chose. Un « no deal » eût provoqué d’importants dommages. Nulle raison de se gargariser cependant : l’Europe dans son intégralité, archipel britannique inclus, sort diminuée de cette longue épreuve. Surtout, l’économie et le commerce n’ont que trop occulté la haute politique et ses enjeux stratégiques. Si le slogan de la « Global Britain » présente une vertu, c’est de rappeler l’importance de la dimension océanique dans la géopolitique mondiale. De l’Atlantique à l’Indo-Pacifique, il importe d’identifier les cadres d’action qui permettront aux Occidentaux de déterminer les équilibres de puissance.


Un an après sa sortie britannique de l’Union européenne, Londres et Bruxelles ont soldé les comptes et passé un accord de libre-échange (24 décembre 2020). Hors le cadre général qui a été négocié, tout reste à faire ; les protagonistes du Brexit entrent dans une ère de négociations permanentes (normes, pêche, finance). De part et d’autre, il importe en effet de ne pas se perdre en autocongratulations qui fausseraient la perception des réalités. Si l’obtention d’un accord de libre-échange conjure le désastre d’un « no deal » qui aurait aggravé les effets de la pandémie (le « virus de Wuhan »), une évidence s’impose : si l’on singe la langue du management euphorique (le « win-win » de rigueur), en l’inversant, il s’agit d’un accord « lose-lose ». Pour autant, ces enjeux économiques ne doivent pas occulter les exigences de la haute politique, ni la nécessité d’étroites relations diplomatiques, stratégiques et militaires avec le Royaume-Uni.

Un accord « lose-lose »

Du côté britannique, le « Brexitmas » vanté par Boris Johnson (un accord en guise de cadeau de Noël) couvre le seul commerce, les services et la finance restant à l’écart. Or, la City représente environ 7% du PIB britannique et un million d’emplois, directs et indirects, des valeurs sans commune mesure avec un secteur de la pêche résiduel qui a pourtant accaparé l’attention (1). En vérité, il aura fallu que Londres fasse également des concessions en ce domaine. Surtout, le Royaume-Uni se retrouve isolé sur le plan commercial, dans un monde composé de grandes « plaques » économiques. A charge pour Londres de négocier de nouveaux accords de libre-échange, et ce alors que le nationalisme et le regain de protectionnisme, voire le climat de nouvelle guerre froide avec les puissances révisionnistes, rendent plus difficile la signature de tels accords. Que l’on songe aux espoirs investis par Londres dans l’accueil des capitaux russes et l’ouverture du marché chinois. Du côté de l’Union européenne, le départ du Royaume-Uni – deuxième économie du continent, première ou deuxième puissance militaire selon les critères, constitue un revers géopolitique majeur. Outre la dimension symbolique de l’événement, conservons à l’esprit que le Royaume-Uni pèse d’un poids démographique comparable à celui des quinze plus petits pays de l’Union européenne. En matière économique, son PIB équivaut à celui des dix-huit derniers pays membres. Sur le plan militaire, son budget représente un volume égal à celui des dix derniers pays membres. Croirait-on que le « plus » sortira du « moins » ?

Résumons-nous : délestée du Royaume-Uni, l’Union européenne (les Vingt-Sept) est désormais l’équivalent d’une Europe à treize, démographiquement parlant, d’une Europe à dix sur le plan économique, à dix-huit sur celui des dépenses militaires. Encore ces rapports n’expriment-ils que des données quantitatives. Malgré le mauvais esprit dont Londres a pu faire preuve (fort utile au demeurant pour d’autres récalcitrants), l’Union européenne est désormais amputée d’un pays anciennement doté d’une forte conscience géopolitique, qui allie savoir-faire diplomatique et maîtrise de la « grand strategy ». Plaque tournante de la mondialisation, le Royaume-Uni constitue également une « socioculture » dynamique qui rayonne à l’échelon mondial. Son rétrécissement impliquerait la provincialisation d’un continent européen dont l’ambition commune semble être de fuir le vaste monde et les fracas de l’Histoire (avec sa grande hache). Prenons le seul exemple de la City : son déclin bénéficierait essentiellement aux places financières extérieures à l’Europe, Paris, Francfort, Milan ou le Luxembourg ne récupérant que les miettes de cet « empire » boursier (2).

Quoi qu’il en soit, les faits sont là : le Brexit est consommé (« Fact ! »). L’important est que le climat de négociations permanente autour des modalités d’association du Royaume-Uni au grand marché européen – du « modèle canadien », aujourd’hui privilégié, à un futur « modèle norvégien », plus intégrateur ? –, n’absorbe pas l’énergie et le capital politiques de Londres, de Bruxelles et des capitales européennes. Contrairement à l’affirmation de Walther Rathenau, au lendemain de la Première Guerre mondiale, l’économie n’est pas le destin. Si tel était le cas, il ne s’agirait plus d’une économie tournée vers le bien-être et l’accroissement des niveaux de vie (une économie « manchestérienne »), mais de géoéconomie et de rivalités de puissance, afin de contrôler le « marché de tout l’univers » (voir les travaux d’Edward Luttwak sur le « geoeconomic struggle »). Dans une telle perspective, la dramatisation des enjeux et leur caractère vital confèreraient à l’économie un caractère politique (l’« économie politique » des mercantilistes). Toujours est-il que les menaces aux frontières et limites de l’ensemble européen, y compris l’archipel britannique, requièrent des personnalités politiques et des chefs d’État capables d’affronter des années décisives.

Il n’est pas lieu ici de traiter en détail les périls et menaces qui se déploient à plusieurs échelles, de la Baltique à la mer Noire, au cœur de la « plus grande Méditerranée », de l’Arctique à l’Afrique, sans omettre l’océan Atlantique où les marines russe et chinoise affirment leur présence. Outre l’espace géographique concret, ces périls et menaces concernent également la géographie plus abstraite de la géoéconomie et du cyberespace. L’ensemble des nations occidentales, de Vancouver à Varsovie et jusque dans l’Asie-Pacifique, sont plongées dans un état hybride de paix-guerre qui requiert union, cohésion et détermination. C’est le moment de souligner que le « Brexitmas » laisse de côté les questions de défense et de sécurité qui restent à négocier. Antérieurement, Londres avait pourtant fait connaître son intérêt pur une forme d’association à la PSDC (Politique de sécurité et de défense commune) de l’Union européenne.

Lorsque Theresa May était « Prime minister » (2016-2019), le gouvernement britannique avait en effet publié un document sur « la politique étrangère, la défense et le développement » (12 septembre 2017). Londres y proposait la négociation d’un partenariat privilégié avec l’Union européenne qui impliquait des échanges de personnels militaires, de diplomates et d’experts des questions internationales, et le partage du renseignement. Tout cela reste en suspens. Si Boris Johnson affirme que le Royaume-Uni sera le « meilleur allié » de l’Europe, il n’a pas manifesté la franche volonté de parvenir à un tel accord. Sa priorité va aux questions domestiques, et la tournure qu’il a donnée au slogan de « Global Britain » est avant tout commerciale. Encore et toujours cette démonie de l’économie qui fausse notre rapport au monde et la perception des enjeux de défense et de sécurité : l’économisme a fait perdre le sens du tragique (3).

La primauté du trio occidental

Au vrai, les questions de défense et de sécurité ne relèvent pas prioritairement de l’Union européenne qui – nonobstant des discours à prétention performative sur la « souveraineté » et l’« autonomie stratégique » –, ne constitue pas un acteur géopolitique global : une « union d’États » n’est pas une fédération, avec un pouvoir central qui exercerait des fonctions régaliennes. D’une part, il n’existe pas en son sein de stabilisateur hégémonique ayant la volonté, la légitimité et les capacités pour donner naissance à une telle fédération, même informelle ; d’autre part, les facteurs profonds requis par un projet de ce type (un véritable dessein, étayé par des opinions nationales largement acquises) n’existent pas. Bref, l’Union européenne n’est pas parvenue à ce que Pierre Manent nomme le « moment cicéronien », ce point de bascule vers l’Empire (l’expression actuellement en vigueur est celle de « moment hamiltonien ») (4).

L’OTAN demeure le cadre dans lequel la défense de l’Europe s’organise, et ce de par la volonté des alliés européens, Allemagne comprise, cette dernière ne donnant pas le même sens aux mots utilisés par Emmanuel Macron pour exprimer la politique européenne de la France (5). Il n’y a d’ailleurs guère qu’à Paris qu’il est concevable d’organiser un colloque sur la défense de l’Europe en faisant l’impasse sur l’OTAN, un inquiétant phénomène de dissonance cognitive qui ne facilite pas la compréhension des enjeux géopolitiques. Pourtant, la formidable montée en puissance de la Chine populaire et les ambitions géopolitiques qu’elle déploie, jusque dans l’environnement géographique de l’Europe, appellent la consolidation des solidarités transatlantiques et la formation d’un front occidental, et ce jusqu’aux Antipodes.

On sait les responsabilités que le Royaume-Uni assume au sein de l’Alliance atlantique. De la Baltique à la mer Noire, son armée renforce la « présence avancée » de l’OTAN, face à une Russie révisionniste et agressive engagée dans une quasi-alliance avec la Chine populaire. Par ailleurs, la position en pointe de Londres sur la question de Hong-Kong, le resserrement des liens avec l’Australie et la Nouvelle-Zélande ou encore l’éviction de Huawei des réseaux britanniques de 5G sont en phase avec la conjoncture géopolitique. Dans la politique étrangère britannique comme au sein de l’OTAN, l’heure est décidément au China turn. Il ne s’agit pas tant de jeter l’ancre dans l’océan Pacifique que de contrer la « grande stratégie » chinoise en Méditerranée (visées sur la Grèce et la route des Balkans), en Europe centrale et orientale (le « 17+1 »), sur les franges atlantiques de l’Europe (la cible portugaise) et jusque dans la zone Arctique. Autrement dit, la Chine vient à l’Europe qui ne peut plus détourner le regard ou privilégier le « business as usual ».

La rénovation de l’OTAN nécessitant une redistribution des pouvoirs et des tâches entre les deux rives de l’Atlantique Nord, dans l’environnement européen comme à l’échelon mondial, d’autres formats de coopération avec le Royaume-Uni doivent être considérés. De prime abord, la coopération franco-britannique s’impose à l’analyse. Bon an, mal an, la France et le Royaume-Uni sont liés par une « entente cordiale » esquissée dès les débuts du règne de Victoria. Cette « alliance difficile » (Robert Tombs) entre deux puissances longtemps rivales, comparables désormais à des jumeaux stratégiques, a été renforcée par les accords de Lancaster House (2 novembre 2010).

Outre une étroite coopération en matière de simulation d’essais nucléaires, lesdits accords, dont le dixième anniversaire n’a malheureusement pas suscité un grand intérêt de la part des observateurs, ont abouti à la mise sur pied d’une force expéditionnaire commune, à forte réactivité, mobilisable en cas d’urgence. La coopération bilatérale est également navale et maritime. A compter de 2020, Paris et Londres sont censés assurer la permanence d’un groupe aéronaval, indispensable pour projeter leur puissance sur un théâtre extérieur ou pour influencer le cours des événements dans une zone de crise. Il appartiendra aux dirigeants des deux principales puissances militaires européennes de surmonter les désaccords et de renforcer leurs synergies politiques, diplomatiques et militaires.

De l’Atlantique à l’Indo-Pacifique

A l’échelon continental, s’il importe de proposer au Royaume-Uni autre chose qu’un simple strapontin auprès de l’« Europe de la défense » (la PSDC), une autre structure pourrait gagner en importance : l’E-3, instance de coopération entre Paris, Berlin et Londres. Héritière de l’UE-3, cette structure est aujourd’hui utilisée pour coordonner les positions des trois capitales, face au programme balistico-nucléaire iranien, et conduire une action diplomatique commune dans la région. La détermination d’une position commune entre Paris, Berlin, Londres et Washington ne serait jamais que la reconstitution du Quad euro-atlantique, un directoire essentiel pour la gouvernance de l’Alliance atlantique à l’époque de la Guerre Froide (6). D’autres États européens seraient avantageusement associés à l’élaboration des politiques de sécurité en Europe, dans un format intermédiaire entre l’E-3 et les Vingt-Sept, format auquel le Royaume-Uni serait associé. Ainsi serait-il loisible explorer l’idée, émise à Berlin et à Paris, d’un Conseil de sécurité européen qui, outre le Royaume-Uni, compterait également l’Italie, la Pologne ou encore l’Espagne. Le concept est encore vague, plus encore la base juridique et institutionnelle sur laquelle il reposerait. Du moins a-t-il le mérite de dépasser les apories de l’« Europe-puissance » et de ses variantes contemporaines (« Europe géopolitique », « souveraineté européenne », « autonomie stratégique européenne »).

Enfin, si le slogan de « Global Britain » a bien une vertu, c’est de sortir d’une vision excessivement européo-centrée, à l’heure où les équilibres de richesse et de puissance se déplacent vers l’Orient, au péril d’une rupture d’équilibre qui pourrait être fatale à l’Occident. Evoqué plus haut, le renforcement des liens du Royaume-Uni avec les ex-dominions australien et néo-zélandais, l’attention apportée à Hong-Kong aussi, pointent vers la zone Indo-Pacifique. On sait l’importance nouvelle de cet espace dans les conceptions géopolitiques occidentales. Le redéploiement stratégique britannique, concrétisé par l’acquisition de deux grands porte-avions, n’est pas sans similitudes avec le pivot indo-pacifique de la France, dont le Président a récemment annoncé la décision de construire un successeur au « Charles-de-Gaulle » (7) (la question d’un second porte-avions est de facto reportée à la prochaine loi de programmation militaire).

Pour ces deux « jumeaux stratégiques » que sont la France et le Royaume-Uni, une politique d’influence et de puissance dans cette vaste partie du monde nécessitera une forte coordination avec les États-Unis. Au-delà des fortes relations bilatérales qui unissent les membres de ce trio occidental (Washington-Londres, Washington-Paris et Paris-Londres), la question se pose, pour Paris comme pour Londres, du ralliement au Quad Indo-Pacifique qui prend forme (États-Unis, Australie, Japon, Inde). A plus long terme, il faudrait même étudier la possibilité d’une « OTAN Indo-Pacifique », nécessaire contrepoids d’une Chine titanesque ; prétendre constituer une troisième force serait illusoire.

On connait certes les réticences de la France à l’égard de ces réalités géopolitiques, l’expression de « puissance d’équilibre » lui conférant un supplément d’être factice. Mais enfin, si les routes maritimes de la soie déployée par Pékin dans l’Indo-Pacifique venaient à enserrer les possessions et zones maritimes françaises, croit-on sérieusement pouvoir s’appuyer sur Berlin, le SEAE (Service européen pour l’action extérieure) et la PSDC ? Le ministère allemand des Affaires étrangères a certes publié un document sur l’Indo-Pacifique mais l’approche est d’abord économique et commerciale ; le rôle personnel d’Angela Merkel dans la signature du récent accord UE-Chine sur les investissements le montre bien. Dans le contexte d’une grave crise internationale, la France n’aurait guère d’autres appuis véritables que l’alliance anglo-américaine : il n’y aura pas de bâtiments militaires allemands ou belgo-néerlandais pour préserver la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française des appétits chinois (8).

Les années décisives

En somme, il n’est plus temps de se complaire dans les figures de la désolation ou, inversement, de verser dans un optimisme de commande. Indubitablement, le Brexit affaiblit ses protagonistes, et les pertes subies par l’Union européenne ne sont en rien la promesse d’un avenir brillant. Fort heureusement, l’Union européenne, performante pour aborder nombre de défis géoéconomiques, ne constitue qu’une partie de la solution aux problèmes de l’heure. Mesurables en années, les échéances stratégiques requièrent d’autres cadres de pensée et d’action, en cours de définition ou déjà opérationnels.

L’existence d’instances de coopération plus larges ou, inversement, plus concentrées, ouvre d’ores et déjà d’autres perspectives, de l’Atlantique à l’Indo-Pacifique. Et si le spectacle des déchirements politiques outre-Manche n’est guère roboratif, du moins les Britanniques ont-ils le bon goût de nous rappeler que la puissance et la prospérité d’une unité politique se jouent au loin, par-delà les anciens « parapets ». Rien de nouveau au demeurant : depuis le premier désenclavement des croisades, peu après l’An Mil, c’est là toute l’histoire de l’Occident.

Notes •

(1) Si ledit secteur ne représente que 0,1 % du PIB britannique, la « reconquête » de la pleine souveraineté du royaume sur le domaine maritime a pour les Brexiters une forte valeur symbolique. Les eaux britanniques resteront partiellement ouvertes aux pêcheurs des pays de l’Union européenne, avec une renégociation des quotas à échéances régulières.

(2) Il s’agit bien évidemment des places financières chinoises, celles de Shanghaï et de Hong-Kong, la mise au pas de cette métropole-région ne semblant pas devoir hypothéquer à terme sa fonction financière. La pesée globale et la profondeur du marché chinois ont et auront nécessairement leurs prolongements financiers et monétaires. Bref, l’hypothétique déclin de la City s’inscrirait dans le déplacement des équilibres de puissance et de richesse vers l’Asie. L’ensemble européen y perdrait encore de sa centralité.

(3) Voir Jules Monnerot, Les lois du tragique, PUF, 1969.

(4) Voir Pierre Manent, Le regard politique. Entretiens avec Bénédicte Delorme-Montini, Flammarion, Paris, 2010, pp. 154-160.

(5) Voir Jean-Sylvestre Mongrenier, « Présidence allemande de l’Europe : Quo vadis Germania ? », Diplomatie Magazine, n° 106, novembre-décembre 2020.

(6) Voir Tony Corn, « L’âge des directoires et l’avenir de la France », Le Débat, 2014/4, n° 181.

(7) Voir Jean-Sylvestre Mongrenier, La France a-t-elle besoin d’un deuxième porte-avions ?, Institut Thomas More, Note 26, mars 2018, disponible ici.

(8) Dans le cas de la Nouvelle-Calédonie, le resserrement de l’écart entre le non à l’indépendance, certes majoritaire (53,26% des voix), et le oui, lors d’un deuxième référendum sur la question (4 octobre 2020), invite à la prudence. De fait, les accords autorisent la tenue d’un troisième référendum (2022). Or, la Chine populaire déploie une active diplomatie du Yuan dans le Pacifique-Sud, renforcée par une diplomatie navale non moins intrusive. Ses ambitions ne se limitent pas aux « Méditerranées asiatiques », et il n’est pas exclu que la force militaire y contribue un jour.