Union pour la Méditerranée · La question turque en suspens

Jean-Sylvestre Mongrenier, chercheur associé à l’Institut Thomas More

15 juillet 2007 • Analyse •


A Paris, le 13 juillet 2008, les représentants de quarante-trois pays se sont réunis pour constituer l’Union pour la Méditerranée (UPM). Emise par Nicolas Sarkozy lors de la campagne présidentielle française (Toulon, le 7 février 2007), l’idée d’Union Méditerranéenne avait été lancée sur le plan international à Tanger, le 23 octobre 2007. C’est au terme d’une difficile négociation, à l’intérieur de l’Union européenne et avec les Pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée (PSEM), que ce projet prend forme. Au final, de quoi s’agit-il ? Des lecteurs de Benoist-Méchin veulent y voir la perpétuation du rêve d’Alexandre le Grand – la fusion de l’Orient et de l’Occident – et le pivot d’une alliance entre l’Europe et l’Afrique. A rebours de cette fantasmatique, les adeptes du panmixisme dénoncent le caractère néo-colonial et ethnocentrique de l’UPM. L’Union européenne a pourtant renoncé à la libéralisation politique et économique des PSEM ; les autocrates du Maghreb et du Machrek pourront consolider leurs régimes-bunkers tout en bénéficiant des fonds européens. Initialement perçue comme une alternative à l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne, l’UPM n’apporte sur ce plan aucune réponse ; le texte final confirme même le statut de « candidat » de ce pays. L’orientation géopolitique de la Turquie, son rapport à l’Occident et la nature de ses liens avec l’Europe, demeurent pourtant incertains.