« De l’Atlantique à l’Oural » · Les relations Paris-Moscou

Jean-Sylvestre Mongrenier, chercheur associé à l’Institut Thomas More

15 octobre 2007 • Analyse •


La première visite officielle de Nicolas Sarkozy en Russie, les 9 et 10 octobre 2007, a été quelque peu éclipsée par les abondants commentaires de la politique intérieure française et de ses dérives langagières. Le président français entendait placer cette rencontre avec son homologue russe sous le signe des « convergences ». Aussi la communication présidentielle a-t-elle insisté sur le souhait de maintenir des « relations amicales avec la Russie » et d’ « éviter les humiliations » vis-à-vis d’ « un grand pays qui a souffert ». Soulignons au passage le caractère passablement humiliant de cette ritournelle héritée du chiraquisme triomphant. Le lendemain de son arrivée sur le sol russe, Nicolas Sarkozy a pu mesurer les limites de la diplomatie de « la claque dans le dos ». Le marketing politique ne peut dissoudre les graves contentieux qui opposent la Russie à l’Occident (le nucléaire iranien, l’indépendance albano-kosovare et le bouclier antimissile en tout premier lieu) et Vladimir Poutine s’est montré glacial. Simple « coup de froid » dans une amitié franco-russe placée sous le signe de Michel Strogoff ? Il semble plutôt que nous abordions un tournant. Pour en prendre la juste mesure, il nous faut mettre en perspective les relations entre Paris et Moscou depuis 1944.