L’Europe et la Méditerranée · « Mare nostrum » ?

Jean-Sylvestre Mongrenier, chercheur associé à l’Institut Thomas More

31 octobre 2007 • Analyse •


S’exprimant devant Mohammed VI et les élites marocaines à Tanger, le 23 octobre 2007, Nicolas Sarkozy a lancé aux dirigeants des pays riverains de la Méditerranée un « appel pressant et solennel à bâtir l’union de la Méditerranée ». Alors que ce vague projet était jusqu’à présent perçu par beaucoup d’observateurs comme le moyen de se débarrasser de la candidature turque à l’Union européenne, le président français a évoqué « un grand rêve de civilisation (…) capable de soulever le monde ». Il en a appelé à l’exemple des Père fondateurs de l’Union européenne, recourant ainsi à une fausse symétrie entre la communauté de civilisation que forment les peuples et les nations d’Europe d’une part, et l’aire géopolitique méditerranéenne de l’autre, ce vaste espace d’interaction et de confrontation entre continents et civilisations. N’en déplaise aux storytellers de l’Elysée, la Méditerranée ne se prête guère aux habituelles topiques sur la Mare nostrum et le « dialogue des civilisations ». La Méditerranée et ses prolongements moyen-orientaux constituent la principale zone de tensions au plan mondial et les Européens sont donc aux avant-postes des affrontements géostratégiques globaux.