L’Europe et le bouclier antimissile américain · Impolitique et désillusions du projet européen

Jean-Sylvestre Mongrenier, chercheur associé à l’Institut Thomas More

Novembre 2007 • Tribune 13 •


Voici un quart de siècle, le 23 mars 1983, Ronald Reagan poussait l’URSS dans ses derniers retranchements en lançant son « Initiative de Défense Stratégique », un ambitieux projet de bouclier spatial qualifié par les médias américains de « guerre des étoiles ». Aujourd’hui, le possible déploiement de systèmes antimissiles en Europe centrale est au cœur de nouvelles tensions entre Russes et Occidentaux. Vladimir Poutine et les « hommes du président » en sont à menacer l’Alliance atlantique de représailles militaires. Cette discorde entre en résonance avec la question du Kosovo et elle retentit sur les traités de l’après-Guerre froide, censés assurer à l’Europe une forme de « paix perpétuelle » à l’Est. Le 11 septembre 2001 est bien loin et le discours panoccidental de Vladimir Poutine semble relever d’un autre âge historique. La posture hégélienne de l’Europe se révèle comme une imposture et d’aucuns évoquent une « Paix froide ». Dès lors, le déni de réalité n’est plus possible : les Européens sont aux avant-postes des affrontements géostratégiques globaux et les menaces balistico-nucléaires hypothèquent, à court et moyen terme, la sécurité des peuples et des nations de l’Ancien Monde. La question des anti-missiles nous remémore l’injonction du Sphinx à Œdipe : « Comprends ou tu es dévoré ». Il nous faut relever les défis qui nous sont jetés et les réponses ne sont pas entre les seules mains des techniciens de l’armement.