A la croisée de l’Europe et de l’Asie · Le « Heartland » russo-sibérien

Jean-Sylvestre Mongrenier, chercheur associé à l’Institut Thomas More

23 novembre 2007 • Analyse •


Au seuil de la décennie 1990, l’effondrement final du système soviétique et ses effets pathogènes laissaient à penser que l’Etat russe ne serait peut-être plus à même de tenir le vaste espace qui lui échoit ni de se maintenir comme une « politie » cohérente et dynamique. D’aucuns évoquent le triste sort de l’ « homme malade de l’Eurasie » et la possible transformation de la Fédération de Russie en une confédération aux liens lâches entre des républiques à vocation souveraine. L’« Ouest » aurait pour mission de combler le vide géopolitique provoqué par la déliquescence russe. Dernier en date des volatils « empires de la steppe », la Russie pourrait ne représenter qu’une longue parenthèse entre l’Extrême-Est et l’Extrême-Ouest de l’Eurasie. L’entreprise de restauration menée par Vladimir Poutine ne suffira peut-être pas à refonder la puissance russe sur des bases saines et solides, tant au plan politique et moral que technico-économique, mais elle reporte à plus tard les anticipations les plus pessimistes. Les dirigeants russes considèrent la Russie comme un pivot géopolitique au cœur des terres, à la croisée de l’Europe et de l’Asie. Portée et limites du concept de « Heartland ».