Paris, Alger et l’Union méditerranéenne · Les désillusions passées et futures

Jean-Sylvestre Mongrenier, chercheur associé à l’Institut Thomas More

10 décembre 2007 • Analyse •


Trois milliards quatre cent mille euros de contrats annoncés lors de la visite de Nicolas Sarkozy en Algérie, du 3 au 5 décembre 2007. De quoi faire oublier les diatribes contre la France et le « lobby juif », censé avoir porté l’actuel président à l’Elysée si l’on en croit ce qui se dit, à voix haute et sans vergogne, dans le système de pouvoir algérien. En contrepartie, Nicolas Sarkozy condamne le « colonialisme » et le « système colonial » ; l’exercice rhétorique consiste à simuler la repentance sans en prononcer le mot. Des références appuyées et répétées à Albert Camus fournissent l’indispensable décorum culturel : « La France, maîtresse des arts, des armes et des lois »… Le « story-telling » se déroule sous le regard exigeant d’Abdelaziz Bouteflika, complaisamment campé en « père de la nation », avec pour critique littéraire le ministre algérien de l’Intérieur, porte-voix du pouvoir : « Cela va dans le bon sens, mais nous dirons toujours que ce n’est pas assez ». A Constantine, Nicolas Sarkozy invite la France et l’Algérie à se « faire confiance » pour gagner ensemble « le pari de l’Union méditerranéenne ». Paris et Alger seraient-ils donc les architectes d’un futur ensemble coopératif centré sur la Méditerranée ? La manœuvre a déjà été tentée et elle a déçu ; il faut porter le regard vers d’autres horizons.