Mai 2008 • Tribune 17 •
Il faut se rendre à l’évidence : les relations entre l’Union européenne et la Russie peinent à s’affermir et en tout cas ne s’améliorent guère. Les signes de défaillances même ne manquent pas. Il y a d’abord, côté européen, un problème de confiance vis-à-vis de la Russie, depuis les crises énergétiques en Ukraine (2006) et en Biélorussie (2007). Au-delà des discours diplomatiques tenus à Bruxelles, la plupart des Etats membres dépendants, même partiellement, des livraisons russes en gaz et pétrole, s’inquiètent d’éventuel-les nouvelles mesures de rétorsion contre des voisins récalcitrants. Les efforts russo-allemands en faveur d’un pipeline direct en mer Baltique, le North Stream, témoignent parfaitement de cette défiance des Etats européens à l’égard de la Russie. Il s’agit pour ceux qui en ont les moyens d’assurer, sur un mode bilatéral, la sécurité de leurs approvisionnements. Les tensions russo-polonaises ensuite, récurrentes depuis plusieurs années, n’aident en rien à la simplification des rapports, même si, depuis quelques mois, celles-ci ont tendance à s’apaiser.
La transition réussie en Russie entre Vladimir Poutine et Dmitri Medvedev, élu à la présidence le 2 mars 2008 et investi le 7 mai dernier, ouvre cependant une ère des possibles vis-à-vis de l’UE : et si, sous la présidence Medvedev, était susceptible de se poser de nouveau la question des orientations idéologiques de la Russie ? Et si celle-ci choisissait d’affirmer plus explicitement une voie libérale ? Courant encore informel, en voie de consolidation entre différentes mouvances disparates, ce libéralisme russe émerge sur la scène politique russe. Présenté ici de manière détaillée, il est, à n’en pas douter, l’un des défis politiques majeurs que les négociateurs européens auront à relever s’ils souhaitent faire aboutir avec la Russie un partenariat de confiance.