9 juin 2008 • Analyse •
En visite à Berlin le 5 juin 2008, le président russe Dmitri Medvedev a déclaré que « l’atlantisme comme seul principe historique était révolu ». Dans son discours, il a averti que l’élargissement de l’OTAN vers l’Est « saperait, de manière radicale et pour longtemps » les relations entre la Russie et les pays européens. La semaine précédente, son mentor et premier ministre, Vladimir Poutine, était à Paris pour stigmatiser l’OTAN, qualifiée de « bloc militaro-politique ». Les menaces se succèdent et la prudence manifestée par certains alliés à l’égard des candidatures ukrainienne et géorgienne, lors du sommet de Bucarest (avril 2008) est interprétée comme un signe de faiblesse ; le duumvirat Poutine-Medvedev s’empresse d’exploiter les divergences d’analyse entre alliés. Par ailleurs et contre l’évidence des faits, historiques et actuels, les dirigeants russes veulent voir en l’OTAN un symétrique inversé de l’ex-Pacte de Varsovie. Dans les chancelleries occidentales, on ne prête pas suffisamment attention à l’OTSC, ce « bloc militaro-politique » que Moscou s’efforce de mettre sur pied dans les profondeurs de l’hinterland eurasiatique.