Mai 2009 • Note •
Alors que la crise économique touche sévèrement les pays développés, qui mesure ses conséquences sur les pays en développement ? A une crise mondiale, des réponses mondiales doivent être élaborées et les pays riches ne peuvent tourner le dos aux pays les plus pauvres. A l’occasion des élections européennes du 7 juin prochain, l’Institut Thomas More publie une note synthétique formulant des propositions précises en vue de réformer la politique d’aide au développement européenne.
Plus de 50% de l’aide internationale en direction des pays en voie de développement provient aujourd’hui de l’Union européenne (UE), pays membres et institutions européennes confondues. En 2008, le budget de l’aide au développement de l’UE s’élevait à 2,3 milliards d’euros, soit presque 2% de son budget total. A quoi il convient d’ajouter 2,9 milliards d’euros au titre du Fonds européen de Développement (FED) dans le cadre de la facilité de Cotonou jumelé à près d’1,5 milliards d’euros de la BEI, le principal instrument financier de la coopération entre l’UE et les 79 pays des régions Afrique Caraïbes Pacifique (ACP). Son aide est principalement dirigée en direction de ces pays ACP, dans une moindre mesure en direction de l’Asie et de l’Amérique latine.
La première convention entre l’UE et les Etats ACP date de 1963. Après les conventions de Yaoundé et de Lomé, les pays ACP sont liés depuis 2000 à l’UE par l’accord de Cotonou pour une durée de 20 ans, avec une clause de révision tous les 5 ans, récemment revisitée pour la période 2008-2013. Parallèlement à la lutte contre la pauvreté, placée au coeur de sa stratégie, l’accord de Cotonou prévoit d’instaurer des zones de libre-échange entre l’UE et les pays ACP et entre pays ACP eux-mêmes, dans le respect des règles de l’OMC. Cette forte dynamique économique de l’accord de Cotonou constitue un vrai tournant dans les relations entre l’Afrique et l’Europe. Mais la fin des régimes commerciaux dérogatoires prendra du temps, la crise des Accords de Partenariat Economique (APE) à la fin 2007 nous l’a prouvé avant que la crise financière et économique mondiale ne bloque les négociations, reportées à l’été 2009.
Aujourd’hui, alors que le FMI prévoit que la troisième vague de la crise financière sera particulièrement douloureuse pour les pays les plus faibles, les ACP s’organisent pour faire front contre ce qu’ils appellent le « dogmatisme européen du libre-échange et de la concurrence » et une Commission qui gère presque seule l’aide au développement de l’UE, sans vision ni contrôle politique des Etats et du Parlement. Ont-ils tort ? Ont-il raison ? On peut en tout cas sans peine affirmer que les synergies entre les bailleurs de fond ne sont en effet pas assez fréquentes, que les dépenses sont trop éparpillées, les acteurs mal identifiés et les priorités souvent mal établies.
L’année 2009 va être l’occasion d’un renouvellement majeur au sein des institutions européennes, avec les élections du Parlement en juin et le changement de Commission. Les élections européennes sont donc l’occasion d’interroger (enfin !) la stratégie, les objectifs et les outils de l’aide au développement européenne pour la rendre plus efficace. L’objectif de la présente note est d’offrir quelques pistes aux futurs élus et décideurs européens dans cette voie, en formulant des propositions d’action opérationnelles.