La Russie et l’Orient · Une approche géohistorique et géopolitique

Jean-Sylvestre Mongrenier, chercheur associé à l’Institut Thomas More

30 juin 2009 • Analyse •


La guerre russo-géorgienne d’août 2008 a modifié les perceptions occidentales. Jusqu’à l’été 2008, la Russie était perçue comme un partenaire difficile mais « gérable », les craintes des pays d’Europe centrale et orientale relevant d’une sorte de syndrome post-soviétique. La question russe n’est pourtant pas réductible à un simple embarras géopolitique et l’on peut voir en cette puissance ré-émergente un nouveau problème de sécurité. La politique étrangère russe et les rhétoriques associées entrent en résonance avec l’ambivalence historique, géographique et géopolitique de ce pays-continent. La Russie se détournerait-elle donc de l’Occident pour basculer vers l’Orient (l’Asie orientale, dans les limites de cette analyse)? Ses dirigeants entendraient-ils réitérer ce que l’Amiral Castex nommait la « manoeuvre de Gengis Khan », i.e. assurer ses arrières en Asie pour se retourner ensuite contre l’Ouest? De fait, le second mandat présidentiel de Vladimir Poutine aura été marqué par une inflexion eurasiatique, la diffusion des représentations géopolitiques néo-eurasistes accompagnant le renforcement du « partenariat stratégique » Moscou-Pékin et les développements de l’OCS (Organisation de Coopération de Shanghaï). L’approche géohistorique et géopolitique des relations avec l’Orient met en évidence la dimension eurasiatique, voire eurasienne, de la Russie ; une « Russie-Eurasie » ?