Nord-Caucase · Les guerres inachevées

Laurent Vinatier, chercheur associé à l’Institut Thomas More

12 avril 2010 • Analyse •


Curieusement, la Russie n’avait pas fait l’objet d’attentats aussi meurtriers que ceux perpétrés le 29 mars dernier dans le métro de Moscou, depuis la terrible prise d’otages de l’école de Beslan en septembre 2004. Le Kremlin ne peut plus aujourd’hui se convaincre lui-même, et faire croire au monde entier, que les problèmes des républiques du Caucase Nord sont résolus ou sur le point de l’être. Cette guerre de faible intensité engagée en Tchétchénie en 1994, une première fois mal finie en 1996, reprise en 1999, n’est toujours pas terminée. Il serait faux de penser que la fermeté du président tchétchène Ramzan Kadyrov, imposé et soutenu par Moscou, ait permis et permette d’apporter une solution durable. Cette guerre, faussement achevée, qui ne dit plus son nom, s’est transportée dans les républiques voisines, en Ingouchie, au Daghestan, en Kabardino-Balkarie, en Ossétie du Nord, ainsi que, dans une moindre mesure pour l’instant, en Karatchévo-Tcherkessie et en République d’Adyghée, juste à proximité de la ville de Sotchi où se préparent les Jeux olympiques d’hiver de 2014. Le conflit a changé. En cinq ans, les visages de la guérilla tchétchène puis nord-caucasienne ont été profondément renouvelés, impactant sensiblement les ressorts stratégiques de l’opposition armée, capable d’agir n’importe quand et en tout point du territoire russe. Plusieurs questions se posent : où en sont les groupes combattants actuellement ? Pourquoi les violences tendent-elles à s’accroître aujourd’hui et surtout à dépasser le cadre régional ? A quoi faudrait-il s’attendre ? Les œillères des Moscou ne suffisent plus : il paraît urgent pour les Européens de regarder la réalité nord-caucasienne en face. Si les Russes la connaissent parfaitement, il serait bon désormais pour tout le monde de cesser de croire aux effets d’annonce et autres ersatz de résolution.