L’Union pour la Méditerranée et ses impasses · Une approche géopolitique

Jean-Sylvestre Mongrenier, chercheur associé à l’Institut Thomas More

31 juillet 2010 • Analyse •


Intervention de Jean-Sylvestre Mongrenier aux 16e Controverses de Marciac, sur le thème « A quelles conditions peut-on construire l’Union pour la Méditerranée ? », 31 juillet 2010.


Mise sur pied le 13 juillet 2008, l’Union pour la Méditerranée (UpM) était censée pallier les défauts et les insuffisances du Partenariat euro-méditerranéen, lancé à Barcelone, en 1995, dans le prolongement de la Conférence de Madrid (1991) et des accords israélo-palestiniens d’Oslo (1993). Deux ans plus tard, l’UpM suscite un certain nombre de déceptions. Faute d’accord entre la totalité des parties prenantes – les États membres de l’Union européenne (UE) et les Pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée (PSEM) – les deux dernières réunions interministérielles normalement prévues par les textes n’ont pu être organisées.

Ces échecs concernent au premier chef la diplomatie française qui, pour fonder et légitimer l’UpM, invoquait une « grande idée » méditerranéenne. Comme pour les ratés du Partenariat euro-méditerranéen, il est tentant de mettre en cause la mauvaise volonté des partenaires de la France, l’étroitesse de leurs vues et l’incompréhension des enjeux. Le fait est coutumier. Déjà, il ne manque pas de bons esprits pour invoquer les mânes de l’irréalisable « Union méditerranéenne », l’avant-projet d’UpM annoncé à Toulon par Nicolas Sarkozy, le 7 février 2007.

C’est un autre point de vue qu’il faut ici envisager. La représentation géopolitique globale et unitaire de la Méditerranée qui, dans les projets et les attentes de la diplomatie française, fonde et justifie l’UpM n’est pas en phase avec les situations et les dynamiques géopolitiques. Il s’agit là d’une vision historiquement datée qui ne permet pas de saisir et de rendre compte des logiques géopolitiques à l’œuvre, au nord comme au sud et à l’est du Bassin méditerranéen.