Novembre 2010 • Note •
C’est à l’issue de la Guerre froide que les Alliés ont entrepris de rénover l’OTAN (Déclaration de Londres, 6 juillet 1990), pour relever les défis à venir. Avec les guerres d’ex-Yougoslavie puis la lutte contre le jihadisme, une « nouvelle OTAN » a commencé de prendre forme. De concert, les Alliés ont rétabli la paix dans le Sud-Est européen et intégré de nouveaux membres ; ils sont désormais engagés sur le front afghan. Partie prenante de cette « transformation », la France s’est réinvestie dans la structure militaire intégrée. Réunis lors du sommet de Strasbourg-Kehl, les 3 et 4 avril 2009, les chefs d’État et de gouvernement de l’Alliance ont décidé l’élaboration d’un nouveau concept stratégique. Un an plus tard, le 17 mai 2010, le groupe d’experts présidé par Madeleine Albright publiait son rapport, base de négociation des gouvernements alliés. Les 19 et 20 novembre 2010, le sommet de Lisbonne devrait adopter le nouveau concept stratégique issu de cette réflexion collective.
La redéfinition du rôle et des missions de l’OTAN n’est pas un simple exercice de convenance. Le précédent concept stratégique datait de 1999, avec la guerre du Kosovo en toile de fond, et les adaptations se sont depuis faites au moyen d’ajustements successifs et de directives politiques globales (CPG). La méthode a ses limites et les multiples sollicitations de l’environnement international sont susceptibles d’entraîner les Alliés dans des missions trop variées, avec des risques de sur-extension et de dilution des compétences, au détriment de leur engagement premier : la défense mutuelle. Il faut donc clarifier les enjeux, trouver de nouveaux points d’équilibres, redéfinir l’assise conceptuelle et doctrinale de l’OTAN. Il en va de la sécurité de l’Europe à ses frontières mais aussi sur les théâtres extérieurs où se développent de nouvelles menaces. Plus généralement, cet aggiornamento ouvre la « question d’Occident ». Quelle place pour l’OTAN dans un monde polycentrique qui semble basculer vers l’Asie? Une Europe politique et militaire serait-elle en mesure d’assumer une part du « fardeau » et de peser sur les équilibres mondiaux ? A bien des égards, la situation présente et les perspectives géopolitiques requièrent « plus d’Europe » mais la voie est étroite et le rationalisme constructiviste a épuisé ses mérites.