12 avril 2011 • Analyse •
Alors que la tension semble redescendre à Bahreïn après un mois de manifestations dans la capitale, l’intervention d’une force conjointe saoudienne et émiratie a rappelé que ce royaume se trouve au centre d’enjeux régionaux plus vastes. Derrière la nécessaire refondation des relations entre la famille royale et les habitants de Bahreïn, le golfe Arabo-persique est le théâtre d’une lutte d’influence opposant les monarchies sunnites, regroupées au sein du Conseil de coopération des États du Golfe, à l’Iran. La montée en puissance de Téhéran et ses ambitions régionales constitue en effet une source de préoccupation, partagée par les États-Unis et l’Alliance atlantique. Devant le risque de voir les logiques de radicalisation prendre le dessus, des réformes politiques à Bahreïn s’avèrent plus que jamais nécessaires et le meilleur moyen de limiter l’influence iranienne auprès des populations chiites, à Bahreïn mais aussi dans les autres monarchies du Golfe.
Le 14 février dernier, la police bahreïnie dispersait des manifestants dans plusieurs villages chiites, entraînant la mort d’un jeune homme à Diya, à l’est de la capitale Manama. Le lendemain, plusieurs milliers de personnes descendaient dans les rues de la ville pour assister aux obsèques de la victime et demander des réformes politiques. Durant cette deuxième journée, un autre manifestant était tué lors de la dispersion d’un rassemblement. En réaction, les députés du parti chiite Al-Wifaq – le principal parti d’opposition avec 18 sièges sur 40 – suspendirent leur participation au Parlement tandis que des manifestants commençaient à se rassembler sur le rond-point de la Perle puis à s’y installer. Derrière ce vent de révolte aux racines locales, l’arrivée de militaires saoudiens et de policiers émiratis rappelle cependant que Bahreïn est au centre des luttes d’influence entre puissances dans le golfe Arabo-persique et occupe une place stratégique pour les acteurs de la région.