Education : la révolution de l’autonomie · Analyse comparative des systèmes éducatifs dans 7 pays

A l’occasion de l’élection présidentielle, l’Institut Thomas More propose une analyse comparative pour inspirer la réforme scolaire dont la France a besoin

Février 2012 • Note de Benchmarking 9 •


L’élection présidentielle de 2012 se prépare dans un contexte critique pour la France. La crise impose en effet des révisions majeures dans un pays qui n’a pas su trouver la voie de la réforme depuis plus de trente ans. La dégradation dramatique des finances publiques rend nécessaire de repenser dans son ensemble le « modèle social » français. L’Éducation nationale constitue en cela un enjeu particulier et prioritaire. D’abord par l’importance que l’éducation revêt dans chaque vie personnelle, de l’enfance à l’âge adulte. Ensuite par son rôle économique, puisqu’elle structure notre compétitivité à long terme. Enfin par son importance sociale : l’école est au cœur de notre tradition méritocratique. Selon la manière dont on l’aborde, c’est une vision globale de la société qui se dessine. Dans le contexte actuel, il est évident que c’est d’un bouleversement total dont l’école a besoin.


Car l’Éducation nationale ne remplit plus ses promesses. Le système actuel est inefficace, et surtout profondément injuste. En comparaison des performances de nos partenaires européens et de l’OCDE, il est en outre lourdement coûteux. En somme, la France dépense plus pour moins bien. En dépit des gesticulations électorales, la nécessité de la réforme du système scolaire fait consensus.

Voilà pourquoi nous formulons 29 propositions pour la révolution de l’autonomie. Cette révolution, c’est celle de la liberté et de la confiance. Liberté d’innover, liberté d’expérimenter, liberté de gérer, liberté de proposer. Confiance dans les enseignants, dans les parents, dans les équipes pédagogiques, dans la communauté éducative. Ce que ces lignes proposent, c’est de donner à l’école, en confiance, la liberté d’accomplir sa mission. Ceux qui s’opposent à ces voies devraient relever l’hypocrisie qui consiste à vouloir défendre un système qui ne fonctionne plus. Il faut rompre avec les discours lénifiants sur le manque de moyens qui voilent la réalité vécue, et s’attacher à cinq axes de réformes prioritaires.

La liberté pour tous dans le système éducatif. Le point de départ doit être la refonte de l’organisation du système éducatif sur trois piliers : la suppression de la carte scolaire, la création du « chèque éducation » et l’autonomie complète des établissements, à la fois en termes de gestion et de pédagogie. Ils pourront choisir leur organisation, leurs enseignants, leurs pratiques. La liberté des responsables d’établissements et des équipes pédagogiques devra être reconnue, leurs performances évaluées et publiées. Le secteur privé pourra être mis à contribution pour financer les structures.

La transmission des savoirs comme mission fondamentale. Il conviendra de fixer solennellement l’objectif de maîtrise de la lecture, de l’écriture et du calcul pour tout enfant sortant du CM2, en étant intraitable sur l’objectif et souple sur les moyens d’y parvenir. Apprendre à apprendre et apprendre à vivre ensemble doivent également constituer des axes forts d’une politique de la transmission rénovée et ambitieuse.

Des rythmes scolaires adaptés aux élèves. C’est une révision complète des rythmes annuels, hebdomadaires et quotidiens qu’il faut envisager, pour le bien être des élèves et un meilleur travail. Dans le même souci, l’intégration du temps d’étude dans le temps scolaire doit être promue, afin de permettre aux élèves de travailler dans un cadre approprié et avec un accès facilité aux enseignants ainsi qu’aux ressources éducatives.

La mobilisation de tous pour chaque enfant. La prise en charge individualisée des élèves devra être développée, avec des enseignants formés à cette fin. Mais ce sont aussi les parcours d’orientation des élèves doivent aussi faire preuve d’une plus grande individualisation, ce qui n’est fait qu’insuffisamment à ce jour. Dans cette logique, il convient de s’engager sur la voie de la suppression du collège unique. L’individualisation de la prise en charge des élèves passera en outre par la valorisation de la communauté éducative, qui associera fortement les parents et sera au cœur du système éducatif, sera libre de développer des projets innovants.

La revalorisation et la dynamisation du métier d’enseignant. Bénéficiant d’une plus grande autonomie dans leur métier, ils devront pour cela être mieux formés initialement et lors de leur carrière. Leurs parcours retrouveront une dynamique nouvelle par une gestion plus souple, notamment à travers un recrutement par contrats et des allers/retours hors de l’Éducation nationale. Présents plus longtemps auprès des élèves et de leurs familles, ils seront mieux payés.