Avril 2012 • Note de Benchmarking 13 •
Comme bien d’autres sujets majeurs, les questions de recherche et d’innovation ont été négligées pendant la campagne présidentielle. Quelques mesures ici ou là sur les PME et sur la fiscalité mais pas de vue d’ensemble sur ces enjeux qui constituent pourtant des facteurs déterminants pour l’avenir de l’économie française et de nos entreprises, donc de la croissance et de l’emploi. Dans un marché mondialisé et de plus en plus compétitif, c’est en proposant des produits innovants que la France, comme toutes les économies développées, doit chercher à développer son rayonnement international et son commerce extérieur. Dans un contexte de crise, il est primordial que la France prépare son avenir en impulsant une nouvelle dynamique d’innovation.
Les responsables politiques français se lamentent régulièrement des mauvais chiffres du commerce extérieur français (déficit de 70 milliards d’euros en 2011), en donnant en exemple les résultats allemands. Mais ils en restent le plus souvent au constat sans s’interroger sur les causes de ce différentiel.
L’une d’entre elles est incontestablement les bonnes performances de l’Allemagne en matière d’innovation. Elle dispose chacun le sait d’un secteur industriel performant et exportateur, où grands groupes, PME et ETI se complètent. Un autre facteur, moins aperçu mais pourtant majeur, est plus culturel : l’innovation est encore largement comprise, en France, comme la création ou l’invention d’un objet, de plus ou moins haute technologie. Or l’innovation aujourd’hui est aussi largement non-technologique, comme le montre l’Allemagne où se développe par exemple le secteur des services innovants dédiés aux industries (conseil, marketing, aide à l’innovation, etc.). L’innovation, dès lors, n’est plus seulement dans le produit mais dans le chemin entrepris pour le trouver et dans les moyens de le produire.
De même, on observe que l’innovation en France est trop largement cloisonnée, restant la chose des départements de R&D, quand nos voisins font collaborer les services des entreprises entre eux par exemple. Une étude sur l’innovation en Europe, menée en 2009, confirmait ces freins culturels français en mettant notamment en avant le manque de pluridisciplinarité au sein des équipes de R&D dans notre pays1. C’est aussi, mais peut-être d’abord, une question de mentalités et de relation au risque : comme le souligne Delphine Manceau, professeur à ESCP Europe, « l’innovation exige également un travail sur les usages, les modèles économiques, les processus de conception et les facteurs psychologiques indispensables à la créativité et la prise de risque »2.
En s’appuyant sur l’exemple allemand, l’Institut Thomas More analyse donc les contre-performances de l’innovation en France et cherche les solutions à apporter. Recherche publique, recherche privée, politique des brevets, fiscalité, liberté de la recherche : les pistes sont à chercher, une nouvelle fois, dans une plus grande confiance accordée au terrain et aux entreprises.