Le renouvelable est-il une énergie du futur ?

Jean-Pierre Schaeken Willemaers, Président du Pôle énergie, climat, environnement de l’Institut Thomas More

25 janvier 2013 • Opinion •


Alors que le gouvernement lance son grand débat sur la transition énergétique et que, dans la droite ligne des promesses de François Hollande, il confirme ses options de réduction du nucléaire, de refus du gaz de schiste par fracturation hydraulique et de montée en puissance du renouvelable, on s’interroge sur la pertinence de sa politique énergétique, en particulier en ce qui concerne la production d’énergie renouvelable.


Pour être cohérente et durable, une politique énergétique doit, entre autres, être diversifiée. Une mono-culture énergétique ne peut qu’échouer à terme. Ce serait le cas, s’il était réalisé, du programme du gouvernement qui se rapproche des ambitions de l’UE visant, à l’horizon 2050, une production d’électricité 100% « renouvelable », largement constituée, en dehors de l’hydraulique, d’énergies intermittentes éolienne et photovoltaïque. En cas d’échec de la politique mono-culturelle, le retour à des formes d’énergie autres que le solaire et l’éolien serait difficile vu que les incitants massifs, mis en place pour favoriser ces-derniers, ont ralenti, voire arrêté dans certains cas, la diversification des investissements.

D’autre part, se précipiter sur la production d’électricité intermittente, sans intégrer simultanément (sinon au préalable) le stockage d’énergie, l’adaptation des moyens de transport, les liaisons transfrontalières, etc. – en un mot sans une approche holistique –, ne peut que conduire à l’échec. Or c’est précisément l’erreur que l’Europe a commise et qui est la cause des déboires que l’on connaît comme l’arrêt de fourniture d’électricité renouvelable lorsque les conditions météorologiques sont favorables, par manque de capacité de transport adéquate ou le déficit de puissance électrique disponible en cas d’absence de vent ou de luminosité suffisante.

Il en va de même des incitants financiers et fiscaux pour lancer le renouvelable intermittent. En effet, pour que celui-ci s’intègre de manière durable dans le mix énergétique, il faut que son coût au consommateur soit rapidement du même ordre de grandeur que celui de la production d’électricité à partir de combustibles fossiles. Un système de subvention à durée trop longue est non seulement préjudiciable à l’innovation mais son effet d’aubaine attire des investisseurs plus préoccupés de leur rente de situation que de sécurité d’approvisionnement, de considérations écologiques et de nuisances diverses. D’où les conséquences perverses telles que le surinvestissement et les perturbations du système électrique. Le lobby intense des associations défendant l’éolien et le photovoltaïque prouve à l’évidence que ces formes d’énergie sont avant tout un business particulièrement juteux pour ceux qui les produisent et, d’ailleurs, peu vertueux puisque les plantureux revenus qu’elles génèrent sont réalisés sur le dos des consommateurs.

Selon les estimations de la CREG, le régulateur belge du gaz et de l’électricité, les 7 parcs éoliens offshore construits dans le secteur belge de la mer du nord, coûteront dans les 20 prochaines années au moins 14 milliards d’euros au contribuable belge !

Malgré les incitations financières et/ou fiscales massives, à charge de la collectivité, le modèle énergétique du renouvelable n’a pas réussi à assurer un développement satisfaisant et durable de ses activités ni, d’ailleurs, à pérenniser la création nette d’emplois promise. Vestas, le n°1 mondial des fabricants d’éoliennes, connaît de grosses difficultés qui pourraient conduire à une reprise de la société par un tiers, voire à une faillite. Sa capitalisation boursière a chuté considérablement tandis que le chinois Sinovel, n°2 mondial, est sorti plus fort de cette crise, tirant avantage de la croissance de son marché domestique. Le gouvernement danois a déjà déclaré qu’il n’apporterait pas d’aide directe à Vestas et qu’il n’interviendrait pas pour éviter une faillite éventuelle. En 2012, Vestas a supprimé 3 735 emplois, principalement au Danemark.

Gamesa, le fabricant espagnol d’éoliennes, est également en grande difficulté et Madrid est hors d’état de lui apporter la moindre aide. D’autres fabricants européens connaissent un sort similaire.

L’industrie solaire photovoltaïque n’est pas en reste à cet égard. On ne compte plus les faillites retentissantes de fabricants de panneaux solaires tant aux Etats-Unis qu’en Allemagne, en France, en Hollande, etc. Par ailleurs, les investisseurs se retirent de plus en plus des grands projets solaires tels que le programme Desertec visant à approvisionner l’Europe en électricité à partir des énormes gisements d’énergie solaire d’Afrique du Nord. Bosch, après Siemens, est la seconde entreprise allemande à quitter Desertec pour des raisons économiques.

La question est donc de savoir si l’électricité éolienne ou photovoltaïque est une énergie du futur et si elle justifie ou non d’être massivement subventionnée au dépens de la collectivité. Si la réponse est négative, et ce qui précède semble l’indiquer, elle devrait être considérée comme une composante du mix énergétique au même titre que la production d’électricité nucléaire ou à partir de gaz.