Sortir de l’incohérence · 15 mesures pour retrouver rapidement la croissance

Gérard Dussillol, président du Pôle Finances publiques de l’Institut Thomas More, auteur de La crise, enfin ! (ed. Xenia, 2012)

Février 2014 • Analyse •


Les annonces du 14 janvier du Président de la République devaient ouvrir une nouvelle séquence du quinquennat : soit elles étaient suivies d’actes simples, rapides, forts, et elles pouvaient constituer un changement de cap économique salutaire, soit elles demeuraient à l’état de vœux pieux et la crédibilité de François Hollande, déjà largement entamée, serait atteinte pour le reste de son mandat. Quarante jours après, on attend toujours les actes…


De fait, nombre d’annonces semblent aller, enfin, dans le bon sens : priorité à la production et à l’offre, baisse du coût du travail, baisse de la dépense publique, simplifications administratives pour les entreprises, réforme du millefeuille territorial. Le diagnostic, au moins, commence à s’améliorer. C’est une bonne nouvelle mais cela n’efface ni les effets destructeurs de la politique conduite depuis 18 mois (augmentation massive des prélèvements, fiscalité de l’épargne dévastatrice, accroissement des contraintes qui pèsent sur les entreprises, etc.), ni les mauvais choix toujours à l’œuvre (emplois aidés), ni l’inquiétude profonde pour l’avenir de la politique familiale soulevée par l’annonce de la fin d’ici 2017 des cotisations familiales pour les entreprises.

Ce qui importe pour le succès d’une politique, une fois le bon diagnostic posé, c’est la cohérence des mesures prises au regard de l’objectif visé, et sa stabilité dans le temps, laquelle nécessite détermination et fermeté dans l’exécution. Ce dont a besoin la France, c’est d’une feuille de route crédible, qui permette à chacun (entreprises, consommateurs, investisseurs) de mieux voir où nous allons et de retrouver le chemin d’une confiance largement entamée.

Le « pacte de responsabilité » de François Hollande sera-t-il enfin cette feuille de route ? On voudrait l’espérer. Mais trop de flous, d’incertitudes, de non-dits demeurent à ce stade pour l’assurer. La grande annonce du chef de l’État est la baisse des charges de « 30 milliards d’euros » sur les entreprises mais il omet de dire que ce paquet mirobolant englobe les 20 milliards du CICE annoncé l’an passé. Il affiche une ambition forte en matière de simplification administrative pour les entreprises mais crée dans le même temps un « Observatoire des contreparties à la baisse des charges ». Il présente un objectif de baisse des dépenses publiques de 50 milliards d’euros d’ici 2017 mais sans dire s’ils viennent s’ajouter aux 60 milliards déjà annoncés – on se doute de la réponse mais on aurait aimé un discours franc. Il se montre volontaire mais n’évoque aucune piste concrète sur les moyens de baisser sérieusement ces dépenses et se contente d’annoncer la création d’un nouveau « Conseil stratégique de la dépense publique ».

Fort des principes affichés, on aurait donc attendu du Président de la République qu’il sorte du flou et des incohérences et qu’il aille beaucoup plus loin dans son programme d’exécution pour favoriser le retour à la compétitivité et à la croissance. C’est pourquoi l’Institut Thomas More propose 15 mesures à engager tout de suite. Elles constituent un programme d’actions opérationnelles et cohérentes qui ne visent qu’un seul but : remettre notre pays au travail, en mettant tout en œuvre pour favoriser le développement des entreprises, la croissance et l’emploi.