Loi santé · Les trois raisons d’un échec annoncé

Frédéric Bizard, enseignant à Sciences Po Paris, directeur du programme Santé de l’Institut Thomas More

Avril 2015 • Note d’actualité 30 •


Le projet de loi Santé de Marisol Touraine, que l’Assemblée nationale s’apprête à voter le 14 avril, marque un point de non-retour dans la logique étatiste qui a conduit le système dans la crise actuelle. Chacun sait que, à l’image d’à peu près l’ensemble des champs de notre« modèle social », le système de santé français est à bout de souffle : performances sanitaires stagnantes, dépenses hospitalières excessives, déficits élevés et récurrents depuis 1988 (le déficit de la branche maladie est de 7,3 milliards d’euros en 2014), déserts médicaux, paupérisation des professionnels de santé, etc.

Pourtant, le projet de loi reste dans la continuité des ordonnances Juppé de 1996 et les lois de 2004 et de 2009 qui ont contribué à conduire le système de santé dans l’impasse. Étatisation, gestion comptable de la santé, déresponsabilisation des patients, réduction de la liberté des praticiens, défaut de vision et de stratégie : les mêmes causes produiront les mêmes effets. Analyse des trois raisons de fond d’un échec annoncé aussi inquiétant que prévisible…