Septembre 2021 • Note 50 •
Substances, production locale, produits venus de Chine et d’Inde, routes et modes opératoires, trafiquants, logiques régionales : la nouvelle note de l’Institut Thomas More, rédigée par Antonin Tisseron et publiée avec le soutien du ministère des Armées, analyse les dynamiques géoéconomiques du médicament illicite en Afrique de l’Ouest et dessine des pistes d’action.
La question du médicament illicite en Afrique : une réalité multiforme
La circulation de « faux médicaments » est souvent présentée comme l’un des principaux défis de ce vingt-et-unième siècle pour l’Afrique de l’Ouest. Par-delà pourtant les discours alarmistes et les annonces de saisies de centaines de tonnes de produits pharmaceutiques au gré des interventions des services chargés de l’application de la loi, la question du médicament illicite est complexe.
Un miroir des tensions liées aux marchés pharmaceutiques mondiaux et africains
D’une part, elle recouvre des réalités plurielles dont rend compte, après une focalisation sur la contrefaçon, la distinction opérée en 2017 par l’OMS entre les produits falsifiés, de qualité inférieure et non enregistrés/non homologués. D’autre part, le médicament illicite est un miroir des tensions inhérentes aux marchés pharmaceutiques et à leurs configurations mondiales et ouest-africaines. Il s’inscrit à la fois dans les compétitions et les logiques des marchés mondialisés de la santé et de l’accès aux soins, dans l’intensité des circulations transfrontalières ouest-africaines, et dans le fonctionnement des circuits nationaux de production et de distribution.
Le fonctionnement et le contrôle du marché au centre du problème
En cela, l’illicite pharmaceutique n’est pas réductible à l’affaire de quelques brigands, tout comme il ne se limite pas à des analyses en termes de dysfonctionnements, de pratiques déviantes ou de défaillances des États, voire des organisations régionales. Révélateur des tensions des marchés, il appelle des réponses multiscalaires distinguant les différents enjeux sous-jacents mais imposant de mettre au centre des approches les fabricants, les contrôles qualité et la coopération internationale.
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L’auteur
Antonin Tisseron est chercheur associé à l’Institut Thomas More. Docteur en histoire des Relations internationales (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), il a travaillé, entre 2016 et 2020, pour le bureau régional de l’ONUDC pour l’Afrique de l’Ouest et Centrale. Il est consultant sur les thématiques de sécurité (clients publics et privés), avec un focus sur la lutte contre l’extrémisme violent et la criminalité organisée en Afrique de l’Ouest, pour le compte d’organisations nationales et internationales dont l’AFD (Agence française de développement) et l’Union européenne. Il s’est rendu ces dernières années à de nombreuses reprises en Afrique de l’Ouest (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée, Mali, Mauritanie, Niger, Nigeria, Sénégal et Togo) et au Tchad. Il a été chargé de cours à Sciences Po Paris (2015-2018) et est intervenant régulier à l’Université Gustave Eiffel depuis 2016 • |
Cette note est publiée avec le soutien du ministère des Armées