23 décembre 2021 • Opinion •
De nombreuses personnalités politiques souhaitent supprimer toute référence à l’origine chrétienne de Noël pour ne pas heurter les sensibilités religieuses de chacun. Christian Flavigny dénonce une nouvelle dérive du progressisme et défend l’importance de la magie de Noël pour les enfants.
Helena Dalli, Commissaire européenne à l’égalité, réclame de supprimer toute mention de Noël afin que ne soit privilégiée aucune tradition religieuse sur le territoire européen ; préconisant de ne plus donner les prénoms de Marie ou de Jean, elle cible les figures emblématiques du catholicisme. La tradition catholique embarrasse-t-elle vraiment les autres traditions religieuses ?
Non, aucune autre ; sinon la religion « progressiste » que la fête de Noël insupporte. Car à Noël les catholiques célèbrent la naissance d’un enfant qui a un père et une mère. La Sainte Famille que sanctifie la doctrine catholique figure l’enfantement à la croisée de deux principes complémentaires : le principe maternel illustré par Marie que la tradition catholique invoque dans ses prières et porte aux nues au sens propre ; et le principe paternel en ses facettes à la fois terrestre et spirituelle : Joseph que l’on dirait père adoptif puisqu’il n’est pas le géniteur, et Dieu dans l’infinie puissance du Père spirituel. Tout cela figure selon la vulgate progressiste la « famille hétérosexuelle », exhibition qu’elle juge quasi-obscène (au sens premier du terme) d’un enfantement dans l’union du maternel et du paternel : figuration de tout ce que ce dogme exècre depuis que le « Progrès » technique a délogé l’union homme-femme d’être la condition obligée de la venue de l’enfant.
D’autres traditions religieuses ne placent pas la représentation de la Famille au cœur même de leur foi, ce qui leur vaut d’être moins ciblées. Mis à part les orthodoxes, proches de la figuration catholique, le protestantisme ne divinise pas Marie, le judaïsme et l’islam centrent leur dogme sur l’allégeance à la Loi divine. Pourtant, la fête de Noël ne fait pas embarras à leurs fidèles, qu’ils la vivent dans l’indifférence ou dans une approche sécularisée qui fait de Noël la fête de la Famille par excellence ; cela vaut tout autant pour les familles non croyantes.
C’est que la figuration catholique illustre, en terre chrétienne et aussi de par le monde, un universel anthropologique : la famille, c’est la venue au monde de l’enfant depuis l’union de ses père et mère. La vision « progressiste » tente d’imposer sa vision « diversitaire » en s’en prenant aux catholiques ; cela est d’autant plus aberrant que ceux-ci ne réclament en rien quelque retour « traditionnaliste » de la vie familiale. Ce qu’ils refusent, mais ils ne sont pas les seuls, c’est le trucage fait à l’enfant sur ce qui a porté sa venue au monde lorsqu’elle n’émane pas de l’union d’un père et d’une mère, trucage pourtant encore confirmé récemment par la mention rendue possible de « deux pères » ou « deux mères » sur son état civil, à proprement parler inconcevable pour qu’il y puisse fonder sa raison d’être.
Le dogme progressiste a des raisons de voir dans la doctrine catholique ce qui directement le contredit ; celle-ci n’a-t-elle pas établi la paternité en principe symbolique intangible édifiant un socle au développement de l’enfant, égrenée depuis le parrain, éponyme de l’enfant qui fonde avec lui un lien de parenté spirituelle (la marraine pour la fille), puis a fortiori le prêtre appelé « Père », enfin le saint-Patron (sainte-Patronne pour la fille), éponyme céleste donné en exemple à l’enfant, dernier médiateur avant le lien avec Dieu, Père éternel ? Il n’est pas opposition plus clairement exprimée à la disqualification de la fonction paternelle décrétée par des lois récentes.
Mais le fond de la hargne contre le catholicisme tient au fait que Noël est la fête de l’Enfant. Les progressistes aiment peut-être les enfants, on le leur souhaite, mais à la condition que les enfants ne vivent pas en enfance. Ils veulent bannir le merveilleux des yeux des enfants : le Père Noël serait selon eux une légende qu’il serait mensonger de raconter aux enfants, comme si les enfants ne pouvaient pas découvrir par eux-mêmes, dans un moment maturatif, que « le Père Noël, c’est les parents » ; ils n’aiment pas le sapin de Noël qui entretient une féerie dont les enfants comprennent bien qu’elle leur est destinée, en ce jour qui les fête ; et chassez enfin ces crèches de Noël, que l’intégrisme laïc ne saurait supporter. Le progressisme ne connaît que l’enfant « petit adulte doté de droits », qui aurait autorité sur lui-même pour décider de changer de sexe et de prénom, bref de s’auto-engendrer, donc privé de grandir depuis l’appui de ses parents, à la raison qu’ils pourraient s’être trompés dans la désignation de son sexe, alors que celle-ci n’est qu’un constat corporel.
Noël parle à toutes les familles, que les anime une foi religieuse ou non. La joie familiale de Noël, c’est le bonheur de la présence de l’enfant ; il suffit de voir la tristesse solitaire des personnes qui n’ont pas ou n’ont plus de famille avec qui vivre la soirée de Noël.
Fêter Noël, c’est aimer les enfants.