Février 2022 • Note 54 •
L’adoption comme modèle pour éclairer les problèmes de l’immigration
Cette contribution au débat sur l’immigration, rédigée par un pédopsychiatre et psychanalyste, expert pour l’adoption, pourra surprendre. Elle est née de l’intuition, devenue conviction, qu’adoption et immigration avaient en commun d’être l’accueil d’un membre initialement étranger à la famille ou au pays concernés, avec pour enjeu qu’il en devienne un membre à part entière. Dès lors, l’adoption présente un modèle instructif pour éclairer les problèmes actuels de l’immigration et examiner les conditions de sa réussite.
L’adoption, miroir de la différence culturelle entre la France et les États-Unis
La première partie explore à fond les conceptions française et américaine de l’adoption en insistant sur les héritages religieux bien distincts que constituent le catholicisme pour notre pays et le protestantisme pour les États-Unis. Cela permet de marquer les différences profondes qui existent entre l’adoption plénière française qui conçoit l’adoption comme une greffe dans la vie familiale et l’open adoption américaine dans laquelle l’adoption est vue comme une implantation. Christian Flavigny fait la démonstration que cet enjeu se retrouve dans la manière de concevoir l’immigration.
L’islam et la question culturelle
Il aborde ensuite la question de l’islam et le défi qu’il représente pour la France. La raison principale de l’échec actuel de l’intégration réside dans le fait qu’elle est abordée depuis le « principe diversitaire », propre à la culture américaine. L’islam est devenu la deuxième religion de France : comment aborder le choc culturel qui en résulte ? La réponse ne se trouve pas dans les parades illusoires que constituent la « laïcité » et les « valeurs de la République ». Elle réside dans la culture française.
Les cultures existent, notamment la française
Mais le problème est que les responsables politiques français, au premier rang desquels figure Emmanuel Macron, idéalisent et promeuvent le modèle « diversitaire » américain. La vie sociale française se trouve dès lors prise en tenailles entre la culture anglo-saxonne et la culture islamique qui embarrasse l’intégration musulmane, virant au communautarisme islamique. La vision woke envahit la culture française et empêche la France de formuler sa réponse aux défis de l’immigration et de l’islam.
Plaidoyer pour une immigration à la manière française
L’analogie défendue plus haut entre adoption et immigration montre qu’il n’y a pas de peuple ni de famille sans une fierté partagée. Que serait l’adoption dans une famille se discréditant à longueur de journée ? Déjà pour l’enfant natif d’elle, ce serait blessure et souffrance. Pour celui né ailleurs, cela devient impasse : comment pourrait-il s’inscrire dans son destin ? De la même manière, seul un idéal porté par la culture française fait la réponse indispensable permettant que les lois françaises l’emportent sur tout autre principe, notamment religieux. L’adhésion doit être suscitée tout autant que requise, la culture française transmise comme un précieux bien commun à partager pour s’unir en tant que Français.
L’assimilation : une chance pour l’immigration en France
En conclusion, il faut revenir au modèle de l’assimilation. Elle est aujourd’hui dénoncée comme une manière qui serait irrespectueuse des immigrés. Seule l’approche « diversitaire » serait respectueuse, accordant une égale valeur aux manières de chacun et le laissant s’épanouir librement. Cette approche est en réalité un leurre et un paravent puisqu’elle empêche la greffe de l’immigré à la France. La culture et les formes qu’elle prend (la langue, les mœurs) sont le ferment commun d’un lien à la nation. Elles ne sont en rien une violence imposée aux arrivants. Elles sont « un don et une générosité », selon la juste formule du philosophe Vincent Coussedière.
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L’auteur de la note
Christian Flavigny est pédopsychiatre et psychanalyste et a longtemps dirigé le Département de Psychanalyse de l’enfant à l’hôpital de la Salpêtrière à Paris. Il est également expert agréé pour l’adoption (Seine-Saint-Denis et Morbihan). Il a été auditionné à de nombreuses reprises par les commissions des lois ou des affaires sociales de l’Assemblée nationale et du Sénat (accouchement sous X, adoption, mariage entre personnes de même sexe, GPA), par le Conseil d’Etat et le Comité consultatif national d’éthique. Il contribue depuis 2016 aux travaux du pôle « Famille et Société » de l’Institut Thomas More, qui analyse les évolutions sociétales contemporaines qui touchent et transforment la famille. Il est l’auteur de nombreux ouvrages et articles sur ces questions. Son dernier ouvrage paru s’intitule Aider les enfants « transgenres ». Contre l’américanisation des soins (Paris, Téqui éditeur, 2021) • |