Mars 2022 • Rapport 25 •
Transmission des savoirs et partage d’une culture commune : l’école à la peine
Sur fond d’une crise scolaire déjà ancienne, l’assassinat de Samuel Paty en octobre 2020 a tragiquement rappelé la centralité de l’école dans le processus de formation de la communauté politique qu’est la République et de l’identité commune française. Les maux qui touchent le système éducatif français l’empêchent de remplir cette précieuse mission. Creusement des inégalités sociales, chute du niveau des élèves dans toutes les disciplines faisant l’objets d’enquêtes internationales, baisse des exigences et allégement continu des programmes ces dernières décennies : tout concourt à affaiblir la transmission des savoirs et le partage d’une culture commune.
Crise de l’école, crises des programmes
Depuis des décennies, les réformes des programmes scolaires, à l’école primaire en particulier, se multiplient souvent « au coup par coup » et sans vision d’ensemble. La première partie de ce rapport analyse celles de ces vingt dernières années : elles ont été soit calamiteuses (réformes Lang de 2002 et Vallaud-Belkacem de 2015), soit timides (réforme Blanquer de 2018). Aujourd’hui, les programmes ne sont ni assez approfondis ni assez exigeants pour faire progresser les élèves et leur faire partager notre culture commune.
Français, histoire-géographie, mathématiques et enseignement morale et civique : propositions détaillées pour une refonte des programmes de l’école primaire
Nous proposons donc, dans la deuxième partie, de nouveaux programmes détaillés dans les quatre disciplines clés pour la transmission des savoirs et le partage d’une culture commune. Ils sont fondés sur des objectifs précis et une vision d’ensemble, et corrélés à des outils performants, permettant une réelle amélioration des enseignements. Ces programmes sont exigeants (car c’est rendre service aux élèves que d’attendre beaucoup d’eux), structurés (afin de rendre les enseignements cohérents et progressifs) et itératifs (car l’on sait ce que la répétition a de vertueux et de fructueux) dans un seul but : le redressement du niveau des élèves.
Programme de français
Le programme que nous proposons valorise l’analyse systématique au service de la conjugaison, de l’orthographe et de la rédaction. Car lire et écrire correctement suppose une analyse fine et pertinente. L’analyse logique et l’analyse grammaticale sont les deux piliers de la grammaire et l’élève doit être capable de l’appréhender avant son entrée au collège La découverte de la littérature est également valorisée.
Programme d’histoire-géographie
En histoire, le programme propose un cadre par périodes et un enseignement chronologique, qui mettent en valeur les faits et les personnages historiques. Après avoir abordé la notion du temps en CP, l’enseignement commence au CE1 (et non en CM1 comme aujourd’hui). En géographie, nous proposons un véritable programme de géographie physique avant d’aborder la géographie humaine car il est logique d’explorer le monde naturel avant de comprendre ce que les hommes en ont fait.
Programme de mathématiques
Le programme proposé s’attache à ne pas morceler les notions en gardant une vraie cohérence et une réelle progression dans leur transmission. Les apprentissages ne sont plus opposés mais liés et complémentaires comme celui de la numération et celui des opérations. Ils sont logiques et circulaires.
Programme d’enseignement morale et civique
L’objectif de notre proposition est simple : former l’élève avant de lui permettre de débattre en utilisant des supports comme des fables ou des textes historiques. Il s’agit d’insister sur la relation étroite entre morale individuelle, morale sociale et instruction civique.
Quatre mesures d’accompagnement
Si la refonte des programmes est le cœur de nos propositions, sa mise en œuvre et sa réussite appellent des réformes de méthode indispensables C’est l’objet de la troisième partie de notre rapport qui fait des propositions en matière de pédagogie différenciée, d’évaluation des enseignements, de formation (initiale et continue) des enseignants et de tutorat et de collaboration pédagogique. Ces éléments sont la clé de la réussite de ces programmes, l’un ne peut aller sans l’autre.
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L’auteur de la note
Marie Cognet est titulaire d’une maîtrise en linguistique et en langue des signes française et a enseigné pendant plusieurs années. En 2015, elle participe à la fondation et au développement d’une école indépendante destinée à favoriser la réussite scolaire des enfants des quartiers défavorisés (école membre du réseau Espérance banlieues). Depuis 2019, elle participe au développement de Concordia School Paris, école bilingue suivant conjointement le programme de l’Éducation nationale française et de l’English National Curriculum. Elle est aujourd’hui responsable du programme d’étude français. Pour l’Institut Thomas More, elle est l’auteur du rapport Pour une école de la liberté et des responsabilités. 30 propositions pour une vraie réforme du système éducatif français, paru en décembre 2019 (en savoir +) • |