Mars 2022 • Note d’actualité 79 •
Conçue comme une « opération spéciale » supposée produire ses effets en quelques jours, l’offensive russe sur l’Ukraine n’a pas encore atteint ses objectifs politico-militaires. Faut-il se laisser transporter par l’émotion et d’ores et déjà crier victoire ? Non pas. La guerre de mouvement se transforme en une guerre de siège, rappelant la manière dont les opérations furent menées en Tchétchénie puis en Syrie. Et la progression des troupes russes au sud menacera bientôt Lviv, Odessa et la Moldavie toute proche. Le pire pourrait donc advenir et il faut anticiper les développements de la situation. Il y va du sort de l’Europe, menacée de devenir le « petit cap » d’une Eurasie sino-russe, et de l’Occident comme forme de civilisation.
Pensée et conçue comme une « opération spéciale » supposée produire ses effets en trois ou quatre jours, l’offensive russe sur l’Ukraine n’a pas encore atteint ses objectifs politico-militaires. Menée sur d’autres ordres de grandeur que ceux de la Géorgie et du Donbass, le commandement russe rencontre des difficultés à mener des opérations sur un aussi vaste théâtre, face à un peuple qui, dans cette guerre, s’éprouve comme nation. Faut-il se laisser transporter par l’émotion et d’ores et déjà crier victoire ? Non pas. La guerre de mouvement initialement prévue se transforme en une guerre de siège, rappelant la manière dont les opérations furent menées en Tchétchénie puis en Syrie. Et la progression des troupes russes au sud menacera bientôt Lviv, Odessa et la Moldavie toute proche.
Le pire pourrait donc advenir et il faut anticiper les développements de la situation militaire, sans ciller face aux périls de l’heure. Bien comprendre que les enjeux stratégiques et géopolitiques dépassent ceux de l’Ukraine en tant qu’État national : il y va du sort de l’Europe, cette portion des terres émergées partie à la découverte du globe, et de l’Occident comme forme de civilisation. Aussi, ne jetons pas le manche après la cognée : ni les sanctions économiques, financières et commerciales, ni un embargo technologique ne suffiront à la tâche.
Téléchargez la note
L’auteur
Jean-Sylvestre Mongrenier est chercheur associé à l’Institut Thomas More. Titulaire d’une licence d’histoire-géographie, d’une maîtrise de sciences politiques, d’un Master en géographie-géopolitique et docteur en géopolitique, il est professeur agrégé d’Histoire-Géographie et chercheur à l’Institut Français de Géopolitique (Université Paris VIII Vincennes-Saint-Denis). Il est conférencier à l’IHEDN (Institut des Hautes Études de la Défense Nationale, Paris), dont il est ancien auditeur et où il a reçu le Prix Scientifique 2007 pour sa thèse. Officier de réserve de la Marine nationale, il est rattaché au Centre d’Enseignement Supérieur de la Marine (CESM), à l’École Militaire. Il est notamment l’auteur de Géopolitique de l’Europe (PUF, « Que sais-je ? », 2020) et de Le Monde vu de Moscou. Géopolitique de la Russie et de l’Eurasie postsoviétique (PUF, 2020) • |