18 avril 2023 • Opinion •
Jean-Sylvestre Mongrenier, directeur de recherche à l’Institut Thomas More, dénonce, dans une tribune au Monde, les limites du concept de « multipolarité » vanté par la diplomatie française, tant cette notion est instrumentalisée par certaines puissances, notamment la Chine et la Russie, afin d’affaiblir l’Occident.
La guerre d’Ukraine et la destruction par la Russie de l’ordre international sur le continent sont censées avoir dessillé les yeux des dirigeants européens les plus complaisants à l’égard de Vladimir Poutine. Avec un effort de lucidité, le voyage infructueux à Pékin d’Emmanuel Macron devrait enterrer le thème de la paix chinoise. Il reste à s’interroger sur les vertus de la multipolarité.
Dans l’après-guerre froide, les dirigeants français se firent les apôtres de la multipolarité, parée de toutes les vertus. Il s’agissait alors d’une version postmoderne du concert des puissances, supposé avoir assuré une longue paix en Europe. Sur le plan historique, il faudrait y regarder de plus près, mais là n’est pas notre propos.
En prenant appui sur l’Allemagne, la France entendait diriger une improbable « Europe-puissance » pour contrebalancer les Etats-Unis, quitte à s’entendre parfois avec la Russie et la Chine populaire. Ainsi se souvient-on de Jacques Chirac défendant la cause de son homologue russe, contre la Pologne et les Etats baltes, ou encore admonestant Taïwan et proposant de lever l’embargo sur les ventes d’armes à Pékin.
Cela devait se faire en conservant les bienfaits de l’Alliance atlantique, indispensable pour contrer une menace massive, ainsi que les étroites relations bilatérales entre Paris et Washington. Les autres Etats européens s’aligneraient sur la France, au prétexte qu’elle est un Etat « doté » (c’est-à-dire qu’il s’agit d’une puissance nucléaire, membre permanent du Conseil de sécurité), et tairaient leurs doutes. On sait ce qu’il est advenu de ce programme, mais il […].
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