Novembre 2024 • Note 71 •
Au sein de l’Union européenne, la Roumanie est un pays dynamique pour lequel la stabilité régionale est essentielle
Alors que le second tour des élections présidentielles du 8 décembre prochain peut signer un tournant important dans la politique internationale roumaine, opposant la candidate pro-occidentale Elena Lasconi au souverainiste Calin Georgescu, la Roumanie adopte depuis trente ans une politique extérieure tournée vers l’ouest, soutien de la stabilité en Europe orientale et du sud-est. La guerre en Ukraine menace directement l’ordre international sur lequel s’appuie le pays ; il participe donc activement de la défense de l’Europe contre le révisionnisme russe. Toutefois, la Roumanie a-t-elle les moyens et l’ambition de devenir un acteur central du sud-est de l’Europe et du bassin pontique ?
La Roumanie est un pilier régional de l’OTAN
Sa position géographique lui confère un rôle particulier vis-à-vis de la guerre russo-ukrainienne où son aide au sein du camp occidental se révèle discrète mais essentielle. En parallèle, elle modernise son armée par le moyen de crédits historiques qui se concentrent sur les forces terrestres et aériennes, délaissant la marine. L’implantation de forces de l’OTAN, que ce soit par le biais de bases militaires, de systèmes antimissiles, ou de missions multinationales, se renforce sous l’œil approbateur de la population roumaine. En mer Noire, la mainmise turque sur les détroits du Bosphore et des Dardanelles amène à penser des alternatives afin d’améliorer l’efficacité de l’Alliance dans le bassin pontique.
Devant le défi européen de la diversification des approvisionnements en énergie, la Roumanie a l’ambition de devenir un « hub énergétique »
Le ministre de l’Énergie Sébastian Burduja mène de nombreux projets visant à développer la diversité des sources d’énergies produites par la Roumanie : le gaz naturel, tout d’abord, avec les gisements qui commencent à être exploités en mer Noire ; les énergies renouvelables avec l’éolien, notamment off-shore ; enfin, le nucléaire dont les mini-réacteurs semblent prometteurs. Aussi, le rôle de « hub énergétique » annoncé par le ministre de l’énergie s’accompagne de politiques visant à relier le pays à ses voisins, par le biais de projets d’infrastructures ferroviaires et autoroutières dans le cadre de projets régionaux, ou à construire des projets avec le Caucase Sud, à l’image du projet de « corridor vert » avec l’Azerbaïdjan et la Géorgie.
La Roumanie est un acteur régional qui doit monter en puissance
Elle doit prendre la tête d’un intermarium européen, soit une alliance diplomatique et militaire tournée contre la Russie, qui a vocation à s’étendre à des pays hors de l’OTAN tels que l’Ukraine ou la Géorgie. La Roumanie a les capacités de prendre cette initiative conjointement avec la Pologne. De même devrait-elle se tourner vers le Caucase Sud et participer des projets commerciaux qui passent par la région : elle a vocation à être le pont entre cette région périphérique de l’UE et l’hinterland européen. Cette ambition ne peut toutefois s’accomplir sans la construction d’une marine adaptée à ces objectifs.
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L’auteur
Alexandre Hogu est assistant de recherche à l’Institut Thomas More. Titulaire d’une bi-licence en Histoire mention Sciences politiques à l’Institut Catholique de Paris (ICP), il est actuellement étudiant en Master de Relations internationales avec pour langue orientale le roumain à l’Institut National des Langues et Civilisations Orientales (INALCO), dans le but de devenir enseignant-chercheur. En 2023, il a effectué un stage à l’Institut Thomas More auprès de Selmin Seda Coskun dans ses travaux sur la Turquie. Il a rejoint l’équipe de recherche de l’Institut Thomas More à l’été 2024, où il suit particulièrement la géopolitique de l’Europe orientale et du sud-est, de la mer Noire et des espaces roumanophones (Roumanie et Moldavie) • |