Les municipales 2026 doivent permettre aux élus locaux de redonner des couleurs à la France des territoires

Charles Millon, ancien ministre, administrateur de l’Institut Thomas More, président de l’École Thomas More

19 mai 2025 • Opinion •


L’École Thomas More propose une formation aux élections municipales en octobre et novembre prochain.


Dans les cinquante dernières années, il est peu de ministres de l’Intérieur qui n’ait engagé ou conduit une réforme, sa réforme, des collectivités locales. Portant fièrement le nom de leurs promoteurs (Deferre, Pasqua, Chevènement, etc.) ou affublées d’acronymes bizarres (loi ATR, loi NOTRe, loi LRL, loi 3DS, etc.), elles ont toutes en commun d’avoir au bout du compte complexifié, brouillé, voire paralysé, l’organisation territoriale de la France au prétexte de la moderniser.

Une cohorte de technocrates, de bureaucrates et d’experts va martelant qu’il faut poursuivre encore le mouvement enclenché depuis 1981 avec les lois de décentralisation et jamais interrompu depuis. Mouvement qui pourtant a conduit à découdre nos territoires en s’en prenant directement ou indirectement à nos communes, bien trop nombreuses à leurs yeux. De l’intercommunalité à la communauté de communes, l’objectif à peine voilé, est d’en réduire drastiquement le nombre et surtout de les cantonner dans un rôle de figurant impuissant.

Dans l’idéologie technocratique, le meilleur des pouvoirs est celui qui uniformise ; la diversité lui est insupportable. Si vous cherchez une définition du mot technocrate, le dictionnaire le Petit Robert vous éclairera : « responsable qui entend faire prévaloir les aspects techniques au détriment de l’élément humain »…

Pour qui entend redessiner notre organisation territoriale, oublier l’élément humain est catastrophique : on pourrait presque parler de manipulation génétique tant nos communes sont l’ADN de la France. Elles en épousent les reliefs, les paysages, les cours d’eau. Elles sont autant de livres d’histoire à ciel ouvert à disposition de tous. 35 000 communes, à la fois lieux de mémoire et lieux de vie, un creuset de solidarité entre leurs habitants ; l’un des rares qui subsiste aujourd’hui.Il suffit de voir les élus municipaux, maires et conseillers, de quelque bord qu’il soit, se mobiliser lorsqu’un incident ou un événement grave survient, renforçant ainsi la fraternité et la solidarité entre tous. Il suffit de les voir chercher des réponses aux problèmes de leurs administrés, expérimenter, prendre des initiatives.

L’élu est sur tous les fronts : social, culturel, sportif, économique – pour peu qu’on lui en donne les moyens Et pour cela, quelle que soit sa taille, la commune doit avoir une autonomie et des ressources propres pour financer ses missions obligatoires. Hélas, la suppression de la taxe professionnelle puis de la taxe d’habitation (même si l’État octroie aux communes une dotation en compensation) a été une aberration, réduisant souvent le maire à un rôle de figurant. C’est contre vents et marées que les élus tentent de maintenir cette richesse de la démocratie française qu’est la diversité, même si beaucoup éprouvent une lassitude et un réel désarroi.

Le renouvellement des équipes municipales est un enjeu majeur pour notre pays : Il aura lieu en mars 2026 et se prépare dès aujourd’hui.

Ces élections essentielles permettent nombreux Français désireux de s’engager de prendre part à la vie publique, de défendre la liberté communale et l’autonomie de leur cité, d’abord comme candidats puis comme élus municipaux. Plus que jamais, il est nécessaire qu’il y ait des femmes et des hommes qui se lancent dans ces élections et soient nombreux, demain, pour défendre l’autonomie de leur ville et que soit respecté de manière rigoureuse le principe de subsidiarité qui stipule que tout soit fait d’abord au plus proche du citoyen – ce principe essentiel que l’on retrouve si souvent inscrit dans les textes de loi et trop souvent bafoué dans les faits.

A l’heure où l’on parle tant d’individualisme, « d’archipélisation », de fractures et où les menaces terroristes, extrémistes ou purement mafieuses sont partout, à l’heure où l’on cherche à endiguer ces vagues de violence et d’ensauvagement, à l’heure où tous les hommes lucides et objectifs cherchent à favoriser des lieux de réconciliation, nos dirigeants doivent faire preuve de prudence avant de retoucher, de bricoler et de fusionner nos communes. Elles ont été là pour réconcilier les Français dans toutes les périodes difficiles. Elles seules peuvent permettre à chacun de trouver son lieu d’enracinement et combler le fossé entre nantis et dépossédés que l’on voit se creuser chaque jour un peu plus en France. Elles seules pourront, grâce à un aménagement du territoire porté par les collectivités, faire reculer le « désert français » et redonner espoir et enthousiasme aux habitants.

Les élections municipales prochaines sont une opportunité de s’engager et d’avoir un réel impact sur la vie quotidienne dans sa commune. L’École Thomas More, créée il y a deux ans maintenant, est précisément l’École de l’engagement : c’est donc tout naturellement qu’elle a construit un cycle de formation entièrement dédié à ceux qui souhaiteraient être candidats lors des futures échéances. Ce cursus est unique : au-delà d’apprendre à mener ou à participer à une campagne électorale, il préparera à exercer son mandat d’élu. Et plus que tout, il donnera envie de servir.