Alors que la « Russie-Eurasie » de Vladimir Poutine n’a pas renoncé à ses objectifs en Ukraine, et plus largement en Europe, son grand allié chinois, sous la direction de Xi Jinping, vise la constitution d’une « sphère de coprospérité » en Asie de l’Est et dans le Pacifique occidental. Ses premières cibles sont la prise de Taïwan, assimilée à une « province rebelle », la subordination des Philippines, alliées des États-Unis, et la transformation de la Méditerranée asiatique en un « lac » chinois.
Face à cet axe Moscou-Pékin, étayé par Téhéran et Pyongyang, les puissances occidentales sauront-elles rehausser leur effort collectif et renforcer leur unité stratégique et géopolitique ? Hélas, des vents mauvais soufflent sur l’Occident, affaibli par ses divisions. Pour préserver l’essentiel, parviendra-t-il à transcender la conjoncture et à penser globalement ?
Nous avons eu le plaisir d’en débattre le 5 juin dernier avec Emmanuel Véron, docteur en géographie, spécialiste de la Chine contemporaine et de l’Asie, enseignant-chercheur associé à l’Institut Français de Recherche sur l’Asie de l’Est (UMR IFRAE) et au Centre de géopolitique d’HEC, et Jean-Sylvestre Mongrenier, docteur en géopolitique, directeur de recherche à l’Institut Thomas More, auteur de Géopolitique de la Russie (avec Françoise Thom, PUF, 4e édition, 2024), qui vient de publier la note De l’Ukraine au détroit de Taïwan : conflits hégémoniques et solidarités occidentales.
