Janvier 2014 • Rapport 15 •
11 janvier 2013-11 janvier 2014 : un an après le déclenchement de l’opération Serval, la reconstruction du Mali ne fait que commencer. La situation sécuritaire reste fragile. Surtout, le pays fait face à d’immenses chantiers économiques et politiques : sortir de la « trappe à pauvreté », redonner du sens à l’État, construire une nation et une citoyenneté, rompre avec cinq décennies de tensions plus ou moins larvées…
Face à ces défis, l’appui de la communauté internationale est nécessaire, aussi bien pour contribuer au renforcement de la sécurité à travers l’envoi de casques bleus, que permettre le lancement de projets de développement et peser sur les négociations entre le gouvernement et les ex-rebelles. Cependant, plusieurs écueils doivent être évités. D’abord, la lutte contre les groupes jihadistes ne doit pas prendre le pas sur les autres enjeux du pays. Ensuite, les racines de la crise de 2012 ne sont pas économiques mais politiques, et les programmes de développement ne sauront à eux seuls produire une sécurité reposant avant tout sur le règlement de sources de tensions anciennes et le renforcement des forces armées et de la police. Enfin, une réflexion et une vigilance s’imposent pour renforcer l’effectivité des programmes internationaux.
Si un engagement international dans la durée s’impose, l’avenir du Mali repose avant tout entre les mains des Maliens à qui les bailleurs internationaux et la France ne sauront se substituer. Sans prise en compte par les autorités maliennes des racines profondes qui ont fait basculer leur pays, sans volonté d’inscrire leur pays dans une nouvelle trajectoire et sans abandon des logiques d’accaparement du pouvoir er des rentes par les vainqueurs lors des élections ou des rébellions, la période qui s’est ouverte en janvier 2013 avec l’intervention française ne sera rien de plus qu’un entre-deux-guerres. Cette transition ne sera pas facile. Faire évoluer les mentalités prend du temps, sans compter les forces centrifuges et les dynamiques de radicalisation à l’œuvre. Mais il ne saurait y avoir de fatalité pour le gouvernement et les citoyens maliens, et les mois à venir seront lourds d’importance pour adresser de nouveaux messages.
Reste, in fine, que le Mali est un cas d’école dont les enseignements dépassent les frontières de ce pays. Alors que le développement de mouvances religieuses extrémistes, l’absence de légitimité de l’État et la banalisation de la corruption, du clientélisme et de la mauvaise gestion des ressources publiques ne sont pas des exceptions dans la sous-région, la trajectoire malienne en 2012 doit interpeller l’ensemble des dirigeants d’Afrique de l’Ouest et du Sahel, et pas seulement en raison de la nécessité de renforcer une coopération régionale embryonnaire.