Mars 2012 • Note de Benchmarking 11 •
Par toutes ses conséquences induites sur le corps social, le chômage constitue un véritable fléau. Au-delà du poids économique et social qu’il représente, et qui est déjà le signe d’un échec collectif, il est sans doute le principal facteur d’un pessimisme et d’un fatalisme qui ronge tous et chacun. Comment une société peut-elle bien se porter quand près d’un quart de sa jeunesse ne trouve pas de travail, voit son horizon bouché et que des parents en arrivent à se dire que leurs enfants auront des conditions de vie moins bonnes que les leurs ? L’aigreur et la défiance gagnent.
Cette situation est celle de la France depuis trente-cinq ans. Depuis 1977, le chômage n’est pas descendu en-dessous de 7% dans notre pays. Une réforme de notre politique de l’emploi s’impose. La France compte aujourd’hui 2,9 millions de chômeurs et les coûts du système s’élèvent à 45 milliards d’euros par an. Dans les prochains mois, avec des perspectives de croissance faible, il est à craindre que le pallier des 3 millions soit franchi, qu’un chômage massif et structurel s’installe et que la décrue tarde à venir. Cette perspective devrait faire de la bataille pour l’emploi le principal enjeu de la campagne présidentielle… Mais jusqu’ici, force est de le constater, peu d’idées fortes ont été avancées.
Pour y contribuer, l’Institut Thomas More présente sa nouvelle note de Benchmarking. Si nous avons choisi de comparer avec l’Allemagne, c’est pour sa situation économique, la taille de son marché du travail et un revenu par habitant comparables à ceux de la France – et parce que notre voisin d’outre-Rhin a osé entreprendre des réformes courageuses et douloureuses en révisant sa politique de l’emploi dès les années 2003-2005 avec les fameuses réformes Hartz. Il faut rappeler ici qu’à l’époque l’Allemagne était considérée comme « l’homme malade » de l’Europe – une chose presque inimaginable aujourd’hui. Une bonne partie de cette note s’intéresse à l’influence qu’ont pu avoir ces réformes sur les succès allemands de cette décennie.
Un dernier mot : l’année de référence des données qu’on va trouver dans cette note est 2009, dernière année complètement renseignées dans les bases de données Eurostat et OCDE. Mais il convient de noter qu’il s’est agit d’une année de très forte récession pour l’Allemagne, avec un recul du PIB de 5%, et que ses performances, en matière d’emploi notamment, en ont été naturellement impactées.
Pour prendre la mesure de la réussite allemande, il suffit de rappeler qu’au mois de janvier 2012, le taux de chômage s’établissait à 5,8%, contre 10% en France.