L’« Europe politique » toujours à la peine…

Jean-Thomas Lesueur, délégué général de l’Institut Thomas More, et Sophie Damay, chargée de mission à l’Institut Thomas More

23 juin 2009 • Analyse •


En cette fin du mois de juin, à la veille du passage de témoin entre la présidence tchèque de l’UE et la présidence suédoise, trois semaines après les élections au Parlement européen du 7 juin et à quelques semaines de la désignation qui s’annonce difficile de la nouvelle Commission, la vie de l’Union européenne (UE) semble avoir repris son cours normal, c’est-à-dire chaotique, lent, peu lisible. L’illusion française du « coup de booster » donné à l’Europe des 27 à l’occasion de la présidence du second semestre 2008 a fait long feu et les limites structurelles à l’émergence d’une véritable « Europe politique » sont à nouveau visibles au grand jour. Comme l’a une nouvelle fois montré le vote du 7 juin, la première de ces limites est incontestablement l’incapacité durable de l’UE à faire adhérer les peuples à son projet. Retour sur une nouvelle occasion manquée qui laissera des séquelles.

Quatre faits ont marqué ces élections. Tout d’abord, la progression significative des partis de droite au sein du Parlement, illustrée par la victoire du PPE (centre-droit) qui remporte 267 sièges. En conséquence, les partis de gauche modérée ont enregistré un recul souvent assez net, comme le Labour au Royaume-Uni et le Parti socialiste en France. Il faut ensuite relever l’ascension notable des partis écologistes, à l’instar d’Europe-Ecologie qui devance le Parti Socialiste en France. Enfin, et c’est bien là le plus important, on a constaté une abstention record (57,06%) qui met une fois de plus en exergue les failles de la démocratie européenne. Si la légitimité du Parlement demeure incontestable, il convient de regarder la réalité en face : il dispose, ainsi que les partis qui sont appelés à faire vivre la démocratie européenne en son sein, d’une assise politique très faible. Ce qui minimisera immanquablement le visage politique de l’Union Européenne pour les prochaines années.

Les chiffres présentés et analysés dans cette note laissent clairement voir cette grande fragilité politique et démocratique. C’est elle que nous nous proposons d’analyser dans ces pages.