Septembre 2005 • Tribune 7 •
La célèbre formule de Jean Bodin, connue pour son sens humaniste et philosophique, ne peut-elle être entendue dans un sens plus pragmatique et politique : la richesse, les richesses sont condition – pour partie au moins – du nombre ? Pour le dire autrement : y a-t-il lieu de penser l’avenir si le cycle de renouvellement des générations est rompu ? La politique – qui est l’art de prévoir autant que celui d’agir – ne perd-elle pas sa substance et son objet quand les hommes pour qui elle est faite viennent tout simplement à manquer ?
L’Europe en est là. Elle vieillit et marche droit au dépeuplement. L’élargissement de mai 2004 n’y a rien changé, bien au contraire. Et ni la Turquie, ni l’Afrique, ni le Maghreb ne sauraient raisonnablement faire son salut : on ne se sauve pas en se perdant dans l’Autre, on ne se retrouve pas dans l’indistinction. Mais l’Europe a-t-elle encore envie de se connaître, de se reconnaître et de se penser un avenir ?…
L’intérêt de cette nouvelle Tribune que l’Institut Thomas More consacre à la question démographique réside en grande partie dans les observations faites sur les relations entre démographie et puissance, démographie et dynamisme économique, démographie et identités sociales et culturelles, démographie et géopolitique. Fruit de la réflexion et de l’étude d’un jeune officier supérieur français, elle n’est pas le énième lamento sur la « fin des familles » et sur la « perte des valeurs »… Elle scrute sous tous les angles, souvent originaux, cet enjeu crucial pour l’avenir et condamne le credo que les responsables politiques semblent avoir adopté au chapitre de la démographie : « y penser toujours, n’en parler jamais ».
Devant l’enjeu, l’Institut Thomas More, lui, fera tout ce qui est en son pouvoir pour qu’on en parle…