Mars-Avril 2015 • Analyse •
Dans son ultime ouvrage, La Révolte des élites, l’écrivain américain Christopher Lasch décrit comment les caractéristiques que José Ortega y Gasset attribuait aux masses européennes des années 1930 (La révolte des masses, 1929), sont devenues, à la fin du XXe siècle, celles des élites occidentales. Publié au milieu des années 1990, alors que la chute du mur de Berlin semblait donner la victoire définitive au capitalisme anglo-saxon, La Révolte des élites dresse le portrait impitoyable de celui qui, appartenant à la nouvelle classe intellectuelle et managériale, se comporte en « enfant gâté de l’histoire humaine », « privé de toute compréhension de la fragilité de la civilisation ou du caractère tragique de l’histoire ».
A vingt ans de distance, il est possible de constater que conformément à l’intuition de Lasch, ce phénomène de sécession des élites et de réaction « populiste » a touché non seulement l’Europe, mais aussi d’autres parties du monde, en particulier la Chine, dont il sera question dans cet article.