Le Kazakhstan, « porte d’entrée » de l’Union européenne en Asie centrale ?

Marlène Laruelle, Visiting Fellow au Central Asia and Caucasus Institute (SAIS, Johns Hopkins, Washington D.C.) et Laurent Vinatier, chercheur associé à l’Institut Thomas More

Novembre 2007 • Tribune 14 •


Marlène Laruelle est Visiting Fellow au Central Asia and Caucasus Institute (SAIS, Johns Hopkins, Washington D.C.), chercheur associé au Centre d’études des mondes russe, caucasien et centre-européen de l’EHESS (Paris), co-auteur de Les Russes du Kazakhstan. Identités nationales et nouveaux états dans l’espace post-soviétique (Paris, Maisonneuve & Larose, 2004, ouvrage traduit en russe) et de Asie centrale, la dérive autoritaire. Cinq républiques entre héritage soviétique, dictature et islam (Paris, Autrement-CERI, 2006). Laurent Vinatier est chercheur associé à l’Institut Thomas More, animateur du Project on Emerging Actors, auteur de L’islamisme en Asie centrale, géopolitique des mouvements islamiques, des réformateurs aux radicaux (Paris, Armand Colin, 2002) et de Russie : l’impasse tchétchène (Paris, Armand Colin, 2007).


A l’heure où l’Union européenne parvient à se doter d’un Traité réformateur propre à faire tourner la machine institutionnelle, la « rumeur du monde » bruisse à sa porte et l’oblige – ou devrait l’obliger… – à sortir au plus vite de l’épisode nombriliste où elle s’est tenue pendant deux ans. Qu’il s’agisse de ses relations avec la Russie, de la situation plus tendue chaque jour au Kosovo, des bruits de bottes à la frontière turco-irakienne ou du pourrissement en cours des relations euro-africaines, son étranger proche se rappelle à elle avec insistance. Dispose-t-elle, sur chacun de ces dossiers chauds, des outils d’analyse et de l’arsenal politico-diplomatique lui permettant de faire face ? Voire…

La même question se pose pour la région plus lointaine mais non moins stratégique qu’est l’Asie centrale. Le « grand jeu » eurasiatique, parfaitement mis en lumière par Zbigniew Brzezinski, est ouvert depuis les indépendances de 1991, mais monte en intensité depuis quelques années avec la prégnance des questions énergétiques, le retour dominateur de la Russie sur la scène internationale et les nouvelles et puissantes ambitions chinoises. L’Europe est-elle prête ? En tout état de cause, elle ne peut se désintéresser de la région, de ses ressources et de la profondeur stratégique qu’elle constitue pour elle. Une fois posé ce postulat, reste à savoir que faire… La présente Tribune plaide pour un partenariat renforcé avec le Kazakhstan, principal pays et principale puissance économique de la région, en quête de reconnaissance internationale, courtisé par Moscou et Pékin. Partenaire malaisé et à l’ouverture démocratique encore insuffisante, il offre néanmoins d’intéressantes opportunités pour une Union européenne qui ne doit plus avoir peur de défendre ses intérêts. Décryptage.