La Russie dans le Caucase Sud après le sommet de Bucarest · Une « chasse non gardée »

Laurent Vinatier, chercheur associé à l’Institut Thomas More

Avril 2008 • Tribune 16 •


Au sommet de l’OTAN à Bucarest, tenu du 2 au 4 avril dernier, la Russie, contrairement aux apparences, enregistre une véritable défaite. Certes, les Etats géorgien et ukrainien ne sont pas encore intégrés au plan d’action pour l’adhésion (MAP), mais il est explicitement mentionné que l’alliance « a décidé que ces pays deviendraient membres de l’OTAN ». En d’autres termes, leur intégration au MAP, probablement au début de l’année 2009, ne fait aujourd’hui pas de doute, confirmant donc implicitement leur adhésion prochaine à l’Alliance atlantique. Politiquement, il semble ainsi que la Russie ne parvienne pas à maintenir ses positions au sein de ses anciens satellites, dans le Caucase Sud notamment. Il ne s’agit pas pour elle d’y défendre une politique volontaire ou d’y manifester une ambition pleinement impériale. C’est plutôt un « impérialisme conservateur » que Moscou tend à déployer depuis les années 2000 : c’est-à-dire conserver au mieux les positions acquises. Elle s’emploie à construire une puissance non-conquérante, fondée sur une stratégie essentiellement économique d’acquisition de biens industriels. Elle y est jusqu’à présent parvenue assez bien. La perspective de l’intégration de la Géorgie dans l’OTAN apparaît comme une limite à cette stratégie, une perte symbolique, un échec diplomatique.