Janvier 2006 • Tribune 8 •
L’étude qu’on va lire a été réalisée avant l’impressionnante flambée de violences que la France a connu dans ses banlieues en octobre et novembre 2005. L’Institut Thomas More, en en fixant la co-publication avec la Revue des Deux Mondes au début de l’année 2006, ne prévoyait pas que l’actualité lui donnerait une telle résonance. L’état réel du corps social français faisait peu de doute pour les esprits aux yeux ouverts, mais ce que nous avons vu et entendu à l’occasion de ces émeutes dépasse les diagnostics les plus alarmistes. Désormais la plaie est à vif : plus question de l’ignorer.
L’éclairage apporté par Alain Bentolila est à la fois grave et précieux : l’infinie violence que l’on a vu se déchaîner, violence bête et brute dans son éructation initiale, violence impensée et irraisonnable, étrangère à toute revendication politique, irrécupérable à ce titre, violence barbare enfin puisqu’il faut lâcher le mot, trouve sa source en majeure partie dans l’impressionnant constat qu’il dresse. Trente ans de politique complaisante et coupable ont fabriqué de complets déshérités, privés de sens moral et d’idée de la loi, de formation et d’emploi, d’avenir et d’espoir, de mots et de capacités de discernement. Alain Alain Bentolila traite magistralement de ces derniers aspects. Il vient renforcer le travail de réflexion essentiel que l’Institut Thomas More a engagé sur les thèmes connexes de l’immigration, de la démographie et des identités européennes. Par des biais différents et complémentaires, il s’agit toujours de poser les mêmes questions essentielles : quel avenir ont nos sociétés occidentales ? Et quel sens veut-on donner à cet avenir ?