1er avril 2014 • Opinion •
Le prix de l’électricité est très élevé en Belgique ce qui affecte le pouvoir d’achat des ménages et la compétitivité des entreprises. L’objet de cet article est d’analyser plus spécialement la contribution du renouvelable à la cherté de l’électricité en Wallonie. Les surcoûts liés au renouvelable sont, en effet, répercutés dans le prix de l’électricité facturés aux consommateurs finaux et, en particulier, dans les factures des ménages (clients basse tension). Ils proviennent essentiellement :
- des quotas de certificats verts que les fournisseurs d’électricité doivent acheter ainsi que de la redevance de raccordement aux réseaux électriques, deux rubriques incorporées dans le prix de fourniture d’électricité ;
- d’une partie du coût de raccordement des parcs éoliens en mer (offshore) financée par le transporteur d’électricité Elia ;
- du coût des certificats verts associés à l’éolien offshore dont le prix est garanti par Arrêté Royal, obligeant Elia à acheter ces certificats à tous les producteurs qui les lui vendent ;
- des mesures de soutien à la cogénération et aux énergies renouvelables, principalement l’éolien onshore et le photovoltaïque.
Les coûts de ces quatre postes sont répartis entre les factures des fournisseurs, transporteur et distributeurs d’électricité, selon leurs activités, et se retrouvent dans le facture adressée aux consommateurs et donc dans celle des ménages.
Le coût total du renouvelable, pour le consommateur moyen d’électricité basse tension (B.T.), calculé à partir des données des différents acteurs du système électrique wallon est, en 2013, de l’ordre de 33 euros par MWh, soit 3,3 centimes d’euro par kWh (3,3cE/kWh). Sur base d’un prix moyen d’électricité B.T. de 22 cE/kWh, le poids du renouvelable dans la facture d’électricité B.T. est donc d’environ 15%.
Ce pourcentage augmentera considérablement à l’avenir, si le programme énergétique wallon, tel que prévu aujourd’hui, est confirmé, entre autres, l’installation de plusieurs centaines de nouvelles éoliennes (onshore). A cela il faut ajouter l’augmentation de la capacité des éoliennes offshore qui devrait être portée à 2 185 MW. Il s’agit des projets Norther (330 MW), Rentel (288 MW), Seastar (246 MW) et Mermaid (450 MW). Plus spécifiquement,
- Le prix facturé par les fournisseurs d’électricité sera majoré du coût des certificats verts supplémentaires à acquérir pour être conforme aux exigences légales, bien entendu, en plus du renchérissement des frais d’exploitation : combustible, main d’œuvre, investissements etc et du coût de la sortie du nucléaire.
- Le coût du raccordement des parcs éoliens offshore va également augmenter sérieusement. Actuellement, la contribution d’Elia (380 kV-30 kV) ne concerne que trois parcs éoliens : C-Power, Belwind et Northwind. Elle s’élève, par parc, à 25 000 000 d’euros à répartir sur 5 ans, soit, au total, pour les trois parcs 75 000 000 d’euros. Si les 4 parcs supplémentaires dont il est question plus haut, n’étaient pas interconnectés entre eux et avec les 3 autres, mais restaient isolés, le forfait de 25 000 000 d’euros leur serait logiquement également octroyé, soit 100 000 000 d’euros supplémentaires. Toutefois, l’intervention financière serait moindre si une infrastructure maillée était prévue en mer. Le coût de cette dernière serait logiquement répercuté dans la facture des consommateurs sous une autre forme.
- Le coût d’achat des certificats verts issus de la production offshore, sur base de 100 euros/MWh, en moyenne, c’est-à-dire 100 euros par certificat (prix qui est susceptible de baisser à l’avenir), et de 4 000 heures de fonctionnement par an, passerait de 360 millions d’euros par an actuellement à 874 millions d’euros par an pour les 2 185 MW susmentionnés.
- Les mesures wallonnes de soutien à la cogénération et aux énergies renouvelables pèsent déjà lourdement sur la facture d’électricité B.T. En effet, l’achat d’environ 4 000 000 de certificats verts y correspondant, à 65 euros/MWh (prix garanti) par Elia ou par tout autre intermédiaire de substitution, coûte aujourd’hui 260 000 000 d’euros/an. Ces CV sont annulés après achat afin qu’ils ne rentrent plus dans le circuit.
Il est vraisemblable que, sans mesure d’accompagnement adéquate, ce coût va continuer de croître avec les centaines d’éoliennes onshore nouvelles prévues par le programme énergétique wallon. En tout état de cause, la hausse des quotas imposés aux fournisseurs devrait d’ailleurs entraîner un doublement de cette rubrique dans les prochaines années. En outre, il faut ajouter aux coûts précités ceux qui résultent :
- des dépenses spécifiques liées à l’adaptation des infrastructures au renouvelable. Elles vont fortement augmenter, entre autres, à cause des investissements visant à rendre les réseaux intelligents (smart grid). Actuellement, de 8%, ils passeront, en 2018, à 28% du total des investissements dans les réseaux de distribution. Les réseaux de transport devront également être adaptés et développés pour permettre la collecte et l’acheminement de la production renouvelable, parfois générée à l’écart des centres de consommation ;
- du coût dû aux « prosumers » (producers-consumers) dont la puissance électrique de l’installation photovoltaïque est ≤ 10kVA. Ils engendrent, en effet, une perte de volume d’environ 7%, c’est-à-dire que si les compteurs ne tournaient pas à l’envers lorsque le consommateur injecte dans le réseau, le tarif réel diminuerait de 7%. On peut corriger cette lacune en facturant un montant forfaitaire à ce type de consommateurs pour la faculté de pouvoir vendre de l’électricité au réseau afin de ne pas pénaliser ceux qui n’ont pas de panneaux ;
- enfin, il faut ajouter la TVA à tous ces surcoûts.