29 décembre 2011 • Opinion •
L’objectif négocié par la Belgique, dans le cadre du protocole de Kyoto, est de réduire d’ici à 2012, les émissions de CO2 de 7,5% par rapport à 1990. Dans ce cadre, la Flandre s’est engagée à réduire ses émissions de 6% et la Wallonie de 8% ce qui signifie pour cette dernière un effort important dans un environnement économique défavorable.
En outre, l’UE exige de la Belgique que, d’ici à 2020, la part des énergies renouvelables dans la consommation totale d’énergie soit de 13%. C’est dans ce contexte, que le « lobby » éolien suggère, entre autres, une puissance totale de 3 500 MW de parcs éoliens en Wallonie (le taux de charge étant de 15 à 20 % en moyenne).
Une telle capacité éolienne, par essence productrice intermittente d’électricité, requiert une adaptation des infrastructures électriques (du moins à partir d’une certaine capacité additionnelle) ainsi qu’une production thermique d’électricité pour assurer la compensation requise (back-up) en cas d’absence ou d’insuffisance de vent et ce pour toute capacité éolienne supplémentaire significative. Cette contrainte est encore renforcée par la décision politique du gouvernement belge de sortir progressivement du nucléaire.
Et l’effet de foisonnement souvent cité par les Verts, ne donne pas le résultat escompté dans la plupart des pays européens. Les groupes de pression citoyens sont de plus en plus actifs. Outre les nuisances visuelles et sonores des parcs éoliens, les riverains subissent une dépréciation de leur propriété immobilière de l’ordre de 10 à 30% de leur valeur lorsqu’elle située dans un rayon de 1 000 m des éoliennes, selon les experts immobiliers. Or en Wallonie, la distance minimum entre les éoliennes et les habitations est de 350 m.
En outre, la densification des éoliennes va à l’encontre de la convention européenne du paysage que la Belgique a ratifiée en 2005. Et qu’adviendra-t-il des éoliennes hors service ? Le programme éolien précité est donc peu crédible. Une capacité nettement inférieure est plus vraisemblable. D’autre part, il est peu justifiable économiquement de subsidier des panneaux photovoltaïques importés, générant des retombées dérisoires pour la Belgique au niveau de la fabrication, et encore moins justifiable de subsidier sept fois plus le photovoltaïque résidentiel par rapport au photovoltaïque industriel, déjà généreusement subventionné.
Bref, la politique énergétique imposant aux producteurs d’électricité d’investir dans le « renouvelable » et de sortir du nucléaire conduit à un surcoût lié :
- à la production d’énergie renouvelable intermittente ; il est notoire que celle-ci, et le photovoltaïque encore bien plus que l’éolien, est plus chère que l’énergie fournie par de nouvelles centrales conventionnelles au gaz, nettement plus chère que celle générée par les centrales thermiques existantes tant en coût par kW qu’en coût par kWh et encore plus chère que l’énergie provenant de nos centrales nucléaires amorties ;
- au maintien de centrales thermiques en fonctionnement, voire à la construction d’unités thermiques supplémentaires, pour pallier le manque de production d’énergie éolienne ou photovoltaïque en cas de manque de vent ou de luminosité. Et ce sont les consommateurs finaux d’électricité tant résidentiels qu’industriels qui payent ces surcoûts par le truchement de leur facture d’électricité.Cette augmentation du prix de l’électricité, d’autant plus importante que la quote-part de l’énergie renouvelable intermittente dans la capacité totale de production d’électricité est élevée, pèse sur le budget des belges et grève la rentabilité des industries fortement consommatrices d’électricité telles que la sidérurgie, la chimie ou les cimenteries, et les incite à délocaliser une partie ou la totalité de leurs activités.
Les pays développés, hors UE, ont d’ailleurs adopté des politiques plus pragmatiques. Ils intègrent davantage la réalité économique et ne s’engagent pas dans des programmes de réduction de CO2 qui mettraient à mal leur compétitivité et leur croissance économique. Quant aux grands pays tels que la Chine, l’Inde , la Russie et le Brésil, ils sont loin de l’approche européenne.
Ils investissent dans le secteur des énergies renouvelables en fonction de leurs intérêts économiques et industriels. Ainsi la Chine a fortement développé les industries éoliennes et photovoltaïques afin de répondre à la crise de l’énergie, de réduire la pollution et de promouvoir ses exportations. En effet, en ce qui concerne ces dernières, son très grand marché intérieur (économie d’échelle), son accès aux matières premières à des prix intéressants et ses bas salaires lui permettent d’exporter éoliennes et panneaux solaires à des prix imbattables, même si la qualité n’est pas toujours au rendez-vous.
En outre, la Chine veut poursuivre sa croissance économique pour améliorer les conditions de vie de sa population. Dès lors, est-il bien raisonnable, en particulier pour la Wallonie, de s’engager dans une politique énergétique aussi coûteuse en incitations financières au mépris des réalités économiques et technologiques alors que nos concurrents hors Europe s’en tiennent à une politique plus favorable à leurs intérêts ?
Est-il bien raisonnable de faire payer aux consommateurs le subventionnement massif aux énergies éoliennes et photovoltaïques alors que les équipements sont partiellement voire totalement importés et que ces énergies intermittentes présentent toutes les lacunes rappelées ci-dessus dont l’adaptation du système de transport d’électricité qui n’avait pas été prévu pour ces types de production . Et bien entendu, tous ces surcoûts sont et seront répercutés sur la facture d’électricité.
Pourquoi se précipiter, à marche forcée, vers le tout renouvelable alors que la Belgique dispose d’une énergie peu coûteuse à partir de ses centrales nucléaires existantes ( dont il suffirait de prolonger la durée de vie), peu polluantes et pas plus émettrice de CO2 que l’énergie renouvelable en tenant compte du cycle de vie complet, et d’une énergie efficace à partir de centrales au gaz ( dont les réserves mondiales ne cessent de croître) à cycle combiné. En effet, la sécurité d’approvisionnement en électricité, à un prix compétitif, passe par un mix énergétique dont aucune source d’énergie ne doit être exclue a priori.
En résumé, il serait nettement plus efficace et moins coûteux, tant d’un point de vue écologique qu’économique et surtout en période de crise, de consacrer la plus grande partie des incitations financières ou fiscales à :
- l’augmentation de l’efficacité énergétique et la réduction de la pollution (industrie, moyens de transport y compris les voitures électriques, appareils divers, bâtiments etc) ;
- la diminution de la consommation d’énergie, ce qui implique un changement de comportement des consommateurs, les énergies alternatives étant développées en fonction des progrès technologiques, de l’environnement économique et social et des concertations à l’échelle de la planète.