25 janvier 2018 • Opinion •
La restructuration du système électrique, de manière générale, et du mix électrique, en particulier, agitent beaucoup la landerneau politique belge ces derniers temps. Un tel reformatage va bien au-delà des objectifs de la politique bas carbone de l’Union européenne, en matière de pénétration du renouvelable intermittent et de génération d’électricité à partir de combustible nucléaire.
Alors que les centrales nucléaires n’émettent pas plus, voire moins, de gaz à effet de serre (GES) que la production éolienne ou photovoltaïque sur un cycle complet de vie et que, d’autre part, la Roadmap 2050 de la Commission européenne prévoit toujours, à cette échéance, du nucléaire dans le parc électrique européen, le gouvernement belge a décidé, de sortir de cette forme de génération d’électricité entre 2022 et 2025.
Les conséquences néfastes d’un mix électrique sans nucléaire, si cette décision était maintenue, viendraient s’ajouter aux dysfonctionnements causés par la priorité d’accès aux réseaux électriques concédée au renouvelable intermittent ainsi qu’aux subventions généreuses et autres avantages qui leur ont été accordés.
La sortie totale du nucléaire ne se justifie ni par des raisons technique ou économique, ni d’un point de vue politique. Une enquête menée auprès d’un échantillon représentatif de 1 000 personnes, en janvier 2015, par TNS media sur la perception des Belges face à la technologie nucléaire, montre qu’une large majorité d’entre eux sont favorables au maintien du nucléaire dans le mix électrique.
Quelle est la logique ?
Est-ce une politique judicieuse d’ignorer les avis majoritaires des citoyens ? D’autre part, sans capacité nucléaire, l’importation d’électricité va augmenter, soit en provenance de la France (essentiellement nucléaire) ou de l’Allemagne (principalement à partir de charbon et de lignite), donc des modes de production dont le gouvernement belge ne veut plus. Quelle est dès lors la logique qui sous-tend la dénucléarisation de la génération d’électricité ?
La sortie du nucléaire n’est pas non plus pertinente d’un point de vue économique. La pénétration croissante de l’éolien et du photovoltaïque et la fermeture des centrales nucléaires entraînent un gonflement de la facture d’électricité et, partant, une diminution de la compétitivité des entreprises et du pouvoir d’achat des ménages ainsi que de la sécurité d’approvisionnement électrique. Cette forte augmentation du prix de l’électricité (préjudiciable à l’économie) résulte d’un certain nombre de facteurs dont :
- le coût de la construction de nouvelles centrales au gaz (indispensables pour assurer l’équilibre du système) qui est nettement plus élevé que celui de la prolongation de la durée de vie des unités nucléaires (idéalement les quatre unités les plus récentes) ;
- de la rémunération de capacité nécessaire à convaincre les producteurs d’électricité d’investir dans de nouvelles centrales au gaz. En effet, celles-ci sont très loin d’être rentables si elles ne sont destinées qu’à compenser l’intermittence de l’éolien et du photovoltaïque jouissant d’une priorité d’accès au réseau ;
- du coût de stockage d’électricité essentiel pour mitiger les fluctuations de la génération renouvelable au-delà d’un certain niveau de pénétration. Ce stockage (en dehors du stockage hydraulique et mécanique) est encore très cher et sa technologie n’a pas atteint une maturité suffisante pour fournir les grandes quantités d’électricité, par exemple, en périodes de pointe de la demande ;
- du coût de renforcement et d’extension des infrastructures de transmission et de distribution d’électricité requis, entre autres, par la dispersion de la production renouvelable ;
- et, bien entendu, des subventions accordées au renouvelable.
Techniquement tout est conforme
La fermeture de toutes les centrales nucléaires n’est pas justifiée d’un point de vue technique. Des analyses approfondies réalisées dans la cadre des stress tests (BEST) sur toutes les unités nucléaires belges, sous la supervision de l’Agence Fédérale de Contrôle Nucléaire (AFCN), organisme indépendant, ont confirmé que ces dernières ainsi, d’ailleurs, que les bâtiments de stockage du combustible usé, sont conformes à toutes les réglementations nationales et internationales applicables, en ce compris, bien entendu, celles de sûreté.
En ce qui concerne plus particulièrement les unités Doel 3 et Tihange 2, il résulte d’études et tests particulièrement fouillés, s’étendant sur plusieurs dizaines de milliers d’heures que les microbulles d’hydrogène présentes dans les parois des cuves des réacteurs Doel 3 et Tihange 2 n’évoluent pas dans le temps et qu’elles sont présentes depuis le forgeage des cuves.