L’OTAN au cœur des relations franco-américaines · Stratégies, représentations géopolitiques et enjeux de sécurité

Jean-Sylvestre Mongrenier, chercheur associé à l’Institut Thomas More

Octobre 2008 • Tribune 21 •


Texte de l’intervention prononcée par Jean-Sylvestre Mongrenier lors des universités d’été organisées, du 1er au 5 septembre 2008, par le Frankreich Zentrum de la Albert-Ludwigs Universität de Freiburg (Allemagne) sur le thème « La France et les Etats-Unis ».


Depuis le dernier sommet atlantique (Bucarest, avril 2008), il est avéré que la France pourrait s’engager dans une pleine participation aux structures militaires intégrées de l’OTAN. De surcroît, la France a augmenté sa contribution en Afghanistan, devenant un acteur significatif sur ce front islamique. La décision de revenir dans la structure militaire est perçue comme une rupture dans l’attitude française vis-à-vis de l’OTAN et des Etats-Unis. En effet, la décision de De Gaulle, en 1966, de retirer les troupes françaises de la structure militaire avait plongé l’OTAN dans une sérieuse crise. Il ne faut cependant pas oublier que la France est un membre fondateur de l’Alliance atlantique, mise en place pour affronter la menace soviétique. C’est après la décision de De Gaulle que l’OTAN est devenue un « épouvantail » pour une partie des dirigeants français et de l’Opinion publique. Dans les années qui ont suivi, les autorités françaises se sont efforcées de réduire la fracture entre leur pays et l’OTAN. A la fin de la Guerre froide, les dirigeants français ont longtemps cherché à promouvoir l’Europe de la défense contre l’OTAN et les Etats-Unis mais de nouveaux défis les ont menés à accroître la participation de la France dans les structures atlantiques. En fait, plus qu’une rupture, une pleine participation de la France serait l’aboutissement d’une évolution de longue durée amorcée dès les années 1970 ; la rupture serait plus dans l’ordre de la psychologie politique. L’enjeu est de réduire l’écart entre les représentations mentales et les réalités stratégiques ce qui, en d’autres termes, reviendrait à réduire ce que les psychologues nomment les « dissonances cognitives ».