La Moldavie, « angle-mort » de l’Europe ?

Jean-Sylvestre Mongrenier, chercheur associé à l’Institut Thomas More

14 avril 2009 • Analyse •


Interrogés au lendemain de la guerre du Kosovo sur les cas de figure dans lesquels la PESD (Politique européenne de sécurité et de défense) pourrait être mise en oeuvre, les experts des problématiques continentales appelaient  l’attention sur le foyer de tension moldave, éclipsé par les guerres d’ex-Yougoslavie. De fait, les territoires instables du Sud-Est européen et leurs conflits enchevêtrés – dans les Balkans et en Moldavie mais aussi dans le Caucase du Sud – entrent dans le champ des missions de Petersberg, au titre du maintien, voire de l’imposition de la paix.

Les manifestations de Chisinau remettent à l’avant-plan la question moldave, le « conflit gelé » de Transnistrie et les relations avec la Roumanie. Constituée à partir de la Bessarabie roumaine, la Moldavie (une ex-république soviétique) forme désormais un Etat qui s’étend sur 33 700 km², entre la Roumanie (un ex-membre du Pacte de Varsovie) et l’Ukraine (une autre ex-république soviétique). Ce territoire est peuplé de 4,3 millions d’habitants dont plus des deux tiers sont roumains, par l’ethnie et la langue; les autres composantes sont majoritairement de souche russe et ukrainienne (Ukrainiens russophones). Toutefois, les quatre cinquièmes de la population se sentiraient « moldaves » (selon un sondage d’opinion réalisé par l’Institut des politiques publiques de Chisinau, en 2004).