La microassurance en Afrique, ou la construction d’assurances modernes au-delà des apparences

Article de Marc Nabeth, chercheur associé à l’Institut Thomas More

Juillet 2009 • Analyse •


Marc Nabeth est l’auteur de Micro-assurance : défis, mise en place et commercialisation (ed. de l’Argus de l’assurance, 2006). Cet article a été publié dans la revue L’Assureur africain (FANAF, n°73).


La microassurance est de plus en plus en plus populaire en Amérique Latine, en Afrique et en Asie. Ce récent constat fait par la revue Sigma invite dans une première partie à revenir sur la notoriété croissante d’un secteur ancré au cœur des problématiques sociétales, culturelles, économiques, politiques et plus globalement assurancielles. Cette importance, la FANAF (Fédération des compagnies d’assurance de droit national africain) vient de la mesurer clairement en adoptant des résolutions issues d’un symposium sur la « Contribution de l’assurance à l’émergence économique de l’Afrique ».

La microassurance est-t-elle pour autant parfaitement définie ? Sémantiquement, probablement. La réalité opérationnelle est par contre beaucoup plus complexe et témoigne d’une diversité des approches. Concernant les assureurs privés ou nombre d’opérateurs de la microfinance impliqués dans la microassurance, les frontières entre microassurance et assurance sont particulièrement difficiles à établir. Force est de constater que les débats autour de sa définition, de ses objectifs, de ses méthodologies opérationnelles sont loin d’être épuisés. A l’image d’ailleurs des problématiques liées à la pauvreté et plus largement à la vulnérabilité. Des populations très pauvres aux classes moyennes parcellaires ou réelles, nous sommes  bien plus en présence d’un continuum qu’au cœur de compartiments étanches. Ces questions seront donc évoquées dans une seconde partie.

La troisième partie s’apparentera à un survol géographique du continent africain, nous conduisant de l’Afrique du Sud au Maroc. Le Fonds pour l’innovation en microassurance apparaitra souvent dans ce survol (1). Mais d’autres programmes existent. Ils sont nombreux et témoignent d’un dynamisme réel au sein de l’Assurance.

La quatrième partie va au-delà de la géographie pour questionner la problématique des assurances rurales et en mesurer les enjeux. La cinquième partie reviendra sur la non exhaustivité de notre aperçu géographique ou sectoriel en rappelant le développement du secteur par des filiales d’assureurs étrangers, l’importance sociologique des assurances informelles, et enfin celle des mutuelles de santé. Autant d’éléments qui auraient mérité plus de développement.

Nous terminerons enfin sur les défis et potentialités du secteur. La massification de l’assurance en Afrique pourrait être finalement autre chose qu’une vue de l’esprit, une utopie, dès lors que l’assurance africaine puise sa richesse en son sein plutôt que d’épouser les visions d’autre mondes, d’autres continents. La microassurance ne vient pas contester la technicité de l’assurance qui est parfaitement bien établie sur le continent africain, mais plutôt son absence sociologique ou culturelle. Lorsqu’il s’agit de mutualiser sur un large ensemble de la société, cet oubli est bel et bien préjudiciable.