De l’eau potable pour tous · Comment rendre son prix abordable et mettre en œuvre des mécanismes de participation du public dans l’UE ?

Jakob Höber, chercheur associé à l’Institut Thomas More

Février 2014 • Tribune 39 •


La question de l’accès à l’eau potable et à l’assainissement comme droit humain est aujourd’hui largement débattue au sein de l’Union européenne. Pour rendre effectif ce droit, le plus grand défi à relever est celui de l’accessibilité financière. Les ménages à faible revenu peuvent en effet rencontrer des difficultés à payer leurs factures et les familles nombreuses peuvent être défavorablement touchées par des structures tarifaires qui rendent l’eau plus chère pour les gros consommateurs. Le droit de l’homme à l’eau potable exige que le prix de l’eau soit abordable pour tous les utilisateurs. La participation des usagers et de la société civile dans les processus de prise de décision pourrait également être améliorée

Si l’UE veut véritablement considérer l’accès à l’eau potable et à l’assainissement comme un droit humain, cela ne peut être fait qu’en prenant en considération ces problématiques. Mais le débat actuel est souvent pollué par une lecture trop idéologique qui entretient une guerre factice entre opérateurs publics et opérateurs privés et qui empêche de se concentrer sur la réalisation d’un authentique accès à l’eau pour tous, qui respecte de hauts standards de qualité, soumis aux exigences du développement durable et efficient quant aux coûts de production.

Cette Tribune voudrait montrer que le succès de la mise en œuvre d’un droit à l’eau pour tous en Europe ne dépendra pas de la forme de l’opérateur, public ou privé. Elle cherche à mettre en avant les solutions intelligentes et adaptées aux spécificités locales qui ont été mises en œuvre en Europe pour rendre le prix de l’eau abordable. Résoudre les défis de l’accessibilité financière réclame de combiner des services publics efficaces capables d’assurer un coût le plus bas possible et des mécanismes d’aide spécifiques ciblant les consommateurs les plus fragiles économiquement. En Europe, les opérateurs, publics comme privés, ont montré leur capacité à proposer et mettre en œuvre des solutions adaptées aux réalités locales. Les mécanismes d’aide sont habituellement décidés par les autorités publiques et ensuite mis en œuvre par les opérateurs. Mais cette Tribune présente également des initiatives prises par des opérateurs privés, y compris en les finançant eux-mêmes.

On comprend que, pour relever ces défis de l’accessibilité financière et de la plus grande participation du public, la bonne approche consiste à mobiliser toutes les parties prenantes : les gouvernements et les municipalités, les organismes de régulation, les travailleurs sociaux, les opérateurs publics et privés, leurs employés et les représentants de la société civile tels que les associations de consommateurs et les ONG. L’eau de bonne qualité n’a de valeur collective que si tout le monde peut la payer. Et c’est seulement si tout le monde peut le faire que son accès constitue un authentique droit humain.