Un an après sa mort, la leçon politique de Margaret Thatcher

Charles Beigbeder, Président de Gravitation SAS, membre du Conseil d’orientation de l’Institut Thomas More

8 avril 2014 • Opinion •


Il y a tout juste un an, le 8 avril 2013, disparaissait Margaret Thatcher. Pour la pensée commune bien-pensante et spontanément étatiste, son nom raisonne encore comme le symbole d’un libéralisme inhumain et violent, avec en toile de fond les images galvaudées et largement diffusées des mineurs grévistes durement réprimés. Et pourtant, le libéralisme assumé par Margaret Thatcher nous donne bien des raisons d’espérer de pouvoir convaincre les Français que, face aux difficultés économiques, sociales et même régaliennes que rencontre notre pays, les solutions que nous proposons sont les bonnes. Celles-ci s’articulent autour de trois piliers fondateurs: la création et la répartition des richesses, la préservation de la liberté individuelle dans les règles de vie en société et la délimitation du domaine régalien.

Le premier pilier, économique et fiscal, part du principe que l’impôt ne peut pas être un instrument de redistribution des richesses et qu’il doit redevenir la contribution équitable de chacun au fonctionnement de l’Etat. Nous proposons ainsi la fin de la progressivité de l’impôt et la mise en place d’un impôt proportionnel. En ces temps de contestation fiscale, cette mesure est la seule qui puisse légitimer à nouveau l’impôt, bien au-delà des débats stériles sur son seul montant, et générer de nouvelles recettes, comme l’ont déjà démontré les 40 pays ayant instauré une flat tax.

Nous sommes également attentifs au subtil équilibre entre la préservation des libertés individuelles, la défense des libertés publiques et l’instauration de règles de vie en société. Ainsi, à l’heure où tous les sondages d’opinion révèlent l’inquiétude des Français face à l’insécurité, la nomination de Manuel Valls relève d’un artifice de communication dont personne n’est dupe. Il faudrait au contraire adapter notre droit pénal en réformant l’Ordonnance de 1945 sur les mineurs, et garantir une plus grande maîtrise des flux migratoires pour éviter la constitution des ghettos dans nos banlieues. Enfin, il convient d’être vigilant sur le respect des libertés publiques, la France ayant été récemment pointée du doigt par une résolution de l’assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe pour un usage disproportionné de la force publique, à l’occasion des manifestations contre le mariage pour tous, les 24 mars et 26 mai 2013.

Le troisième pilier vise à redonner à l’État ses fonctions régaliennes et à lui faire abandonner celles qui ne le sont pas. Exception faite de la recherche fondamentale, nous pensons que l’État n’est réellement puissant et efficace que là où il est compétent et qu’il ne doit intervenir que dans le cadre de trois monopoles bien définis, celui de la force publique (police et Justice), de la représentation souveraine vis-à-vis des autres États (diplomatie et force militaire) et de la dépense publique (impôts et taxes). Les autres domaines doivent être laissés à l’initiative privée ou à celles des collectivités locales, dans le cadre d’un État réellement décentralisé et reposant sur le principe de subsidiarité.

La mise en œuvre de ces idées nouvelles ne sera possible que si elles suscitent l’adhésion massive des citoyens, au-delà des préjugés et des tabous imposés par la bienséance culpabilisante des idéologues. Une fois ces obstacles dépassés, nous pourrons enfin refonder l’État sur des bases saines et permettre à toutes les initiatives et talents de se déployer librement.