Politique américaine en Afrique · What’s new ?

Antonin Tisseron, chercheur associé à l’Institut Thomas More


Mai 2015 • Note d’actualité 31 •


Guerre au Nord-Mali, chaos en Libye, mobilisation contre Boko Haram, attentats en Tunisie et au Kenya… la violence embrase de vastes parties du continent. Mais qu’en est-il de la politique américaine en Afrique ? Huit mois après le premier sommet États-Unis/Afrique (août 2014), marqué par l’annonce de deux nouveaux programmes, on n’observe pas de réels changements. Tout au plus une inflexion : l’accent est mis sur le développement des échanges et des investissements, et pas seulement pour réfuter les discours sur la « militarisation » de la politique américaine en Afrique ou renforcer la stabilité du continent. Là est peut-être la principale leçon des initiatives annoncées. Les États-Unis veulent se donner les moyens de davantage bénéficier de la croissance d’un espace qui ne saurait se réduire aux conflits et à la violence.


L’Afrique est généralement appréhendée comme un espace périphérique pour la puissance américaine, avec un sentiment renforcé par la place accordée à ce continent dans les grands documents stratégiques américains et l’annonce, à l’automne 2011, d’un pivotement vers l’Asie-Pacifique. Si l’Afrique n’a jamais été placée en tête des priorités stratégiques à Washington, un regain d’intérêt est cependant perceptible depuis plusieurs années autour d’une approche indirecte reposant sur une empreinte au sol minimale, des interventions par partenaires interposés et, à long terme le développement des capacités locales.

À cet égard, le sommet États-Unis/Afrique d’août 2014, réunissant une cinquantaine de chefs d’États africains et qualifié par beaucoup d’historique, s’inscrit dans cette dynamique avec deux nouveaux programmes destinés à renforcer les moyens des forces armées africaines. Mais bien davantage que ces derniers, et alors que l’Afrique devrait accueillir 2 milliards d’habitants en 2050 avec un PIB comparable à celui de l’Europe, il a été dominé par la promotion du développement et des échanges économiques.