L’Europe peut-elle changer ? Non · Faut-il changer l’Europe ? Oui

Paul Goldschmidt, membre du Conseil d’orientation de l’Institut Thomas More


Juin 2015 • Note d’actualité 32 •


Les appels répétés pour que l’« Europe change », de quelque source qu’ils émanent, sont autant de formules incantatoires qui n’ont guère de chance d’être suivies d’effet pour la simple raison que cette « Europe » n’existe pas. On veut lui imposer de se réformer, alors qu’elle n’est dotée ni des pouvoirs nécessaires ni d’une capacité lui permettant de mener des « politiques » indépendantes (sauf dans des domaines très limités et spécifiques prévues par le Traité). Le problème fondamental est donc de « changer l’Europe » de façon à ce qu’elle puisse effectivement mener des « politiques » qui répondent aux aspirations de ses citoyens. Deux options sont possibles.


Des voix de plus en plus nombreuses s’élèvent pour exiger une réorientation de la « politique économique » européenne vers moins d’austérité. Ces sirènes entretiennent la confusion, faisant croire que l’Europe mène une « politique » alors qu’elle se borne à vérifier le respect par les pays membres des engagements auxquels ils ont librement souscrits. C’est donc bien à ces-derniers de s’accorder sur des changements éventuels et non à la Commission de les « imposer », même si elle peut ou même doit faire des propositions dans l’intérêt de l’ensemble.

Ce ne sont pas les résultats des élections tenues récemment au Royaume-Uni, en Pologne, en Finlande et en Espagne qui sont de nature à renforcer la cohésion européenne. Bien au contraire, tout indique que les « exigences » démocratiquement exprimées par les électeurs sont incompatibles sinon contradictoires. Succès de la gauche radicale en Espagne qui vient conforter celle de Syriza en Grèce, prétendant infléchir la politique budgétaire prétendument imposée par « Bruxelles » ! Succès de la droite en Grande-Bretagne, en Finlande et en Pologne renforçant le courant eurosceptique visant à « rapatrier » le peu de souveraineté partagée.